Brochure qui aurait dû paraître comme n°19 des Cahiers Spartacus en juin 1939 mais la Gestapo détruisit les matricules. Après guerre, Wilebaldo Solano remit copie d'un jeu d'épreuves (déposé à la Bibliothèque nationale de Paris) à René Lefeuvre qui l'édita dans la compilation Espagne: les fossoyeurs de la révolution sociale (Spartacus, série B, n°65, décembre 1975). |
L'assassinat d'A. Nin : ses causes, ses auteurs
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Un agent du Guépéou espionnait le P.O.U.M.
Comme préliminaires aux événements qui aboutirent à l’assassinat d’Andrès Nin et à la persécution contre son Parti, un agent de la Guépéou, qui eut dans la suite une participation active à l’affaire et dont la vie se termina également d’une façon tragique, s’introduisit dans nos milieux.
Au commencement de l’année 1937, un Commissaire des brigades internationales se présenta à nos camarades de Madrid ; il se disait russe et prétendait sympathiser avec le P.O.U.M. Il se rendait souvent aux locaux de notre Parti à Madrid en feignant d’adopter de grandes précautions comme s’il craignait la persécution stalinienne. Quelquefois il était accompagné d’autres étrangers qu’il présentait comme des prosélytes. Il recueillait, et presque toujours sollicitait, toute notre propagande, qu’il répartissait, disait-il, parmi les miliciens des brigades internationales. Il alla même, en certaine occasion, jusqu’à apporter quelque argent, qu’il disait également avoir collecté dans les brigades internationales.
Lorsque approcha la date fixée pour la tenue du Congrès de notre Parti, cet agent de la Guépéou exprima son désir d’y assister comme délégué « au nom des cellules du P.O.U.M. des brigades internationales ». Les camarades de Madrid lui remirent une lettre de présentation pour le Comité Exécutif.
Léon Narvich – tel était son nom – arriva à Barcelone avec la lettre de présentation des camarades de Madrid et avec un appareil photographique qu’il portait toujours en bandoulière. Il s’entretint avec presque tous les membres du C.E., principalement avec Nin, et avec beaucoup de camarades étrangers inscrits dans notre Parti. En vérité, il n’inspira aucune méfiance au commencement. Mais il avait trop d’affection pour son appareil photographique et il aimait trop faire des photographies. C’est ce qui le perdit.
Lorsque le 16 juin, la police pourchassa notre Parti, les agents de police portaient, pour identifier les camarades, les photographies qu’avait faites Léon Narvich. Les soupçons qui existaient déjà devinrent plus évidents, l’agent de la Guépéou bien qu’il n’eut rien pu établir, fut en pratique, l’inspirateur de toute la répression. Il paraît même qu’il était à la tête du groupe d’officiers qui s’emparèrent de Nin à Alcala de Hénarès. Quelques jours plus tard, les journaux illustrés publièrent sa photographie en le donnant comme membre important de l’Etat-major de la Division Lister.
Il apparaît que la Guépéou ne se contentât pas de ce premier « travail » de son agent Léon Narvich. Celui-ci revint à la charge, d’abord, il tenta de rentrer de nouveau en relations avec les camarades de Madrid en disant qu’il avait des informations importantes à communiquer sur l’assassinat de Nin. Comme on connaissait déjà son métier, personne ne s’y laissa prendre. Puis il se rendit à Paris pour « travailler » dans les milieux révolutionnaires d’opposition. Il revint à Barcelone, où il ne chercha plus à entrer en contact avec le P.O.U.M., il s’introduisit dans les milieux trotskistes.
Et puis un beau jour, au mois de décembre 1937, on découvrit, dans les environs de Barcelone, le cadavre d’un jeune commissaire étranger qui portait en bandoulière un appareil photographique. Les agents du S.I.M. se rendirent au lieu où avait été découvert le cadavre de Léon Narvich, firent en hâte main basse sur toute la documentation et laissèrent le cadavre sur place. Quelques minutes plus tard, arrivèrent les agents de la brigade criminelle, dirigés par l’assassin accrédité Mendez Carballo, qui enlevèrent le cadavre.
Le dossier de l’enquête ouverte sur cette affaire portait le titre suivant : « Enquête ouverte pour homicide sur la personne de Léon Narvich, agent du S.I.M. affecté aux services spéciaux dans les milieux bolcheviques-léninistes ».
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