Critiques de gauche et opposition révolutionnaire au front populaire (1936-1938)
L'affrontement de juin 1936
L’accélération du rythme du mouvement social à partir de mai 1936 était cependant susceptible de mettre en question aussi bien le cadre dans lequel se situaient les minorités que leurs rapports entre elles et avec la classe ouvrière. Il est donc permis de considérer que les gigantesques grèves qui commencent au lendemain de la victoire électorale du Front populaire constituaient pour les minorités une occasion ou une chance de renverser la situation à leur profit, ce qui rend nécessaire l'étude de leurs réactions et de leur adaptation aux événements.
Il n’est pas question de reprendre ici la question, tant de fois discutée, du rôle des militants du Parti communiste dans le déclenchement des grèves de 36. Nous pensons qu’on peut tenir pour suffisamment solide l'appréciation portée, sur le coup, par Pierre Monatte :
Il est difficile de ne pas reconnaître l'intervention des communistes à l'origine du mouvement [...]. Qu’ils n'aient pas prévu l'ampleur du mouvement, c'est probable ; mais le coup de sonde, c’est bien eux qui l'ont donné. La sonde a rencontré la nappe d’eau souterraine, le courant de souffrance et d’espoir qui cherchait une issue. L'issue trouvée, une vague de grèves inattendue s’est répandue partout [35].
Que les militants communistes aient poussé à la grève, que l’action ait pris immédiatement la forme de "grève sur le tas" conformément à une idée popularisée par la Gauche révolutionnaire, le fait est que le mouvement a rapidement débordé ses initiateurs.
Du point de vue qui nous intéresse, l'important est l'existence de cette tendance au débordement que les minorités révolutionnaires vont expliquer par le mouvement spontané de la classe ouvrière, et les partis et syndicats débordés, par l'action "irresponsable" ou "provocatrice" des minorités révolutionnaires. Contentons-nous de quelques points de repère : le jeudi 28 mai, alors, que les usines Hotchkiss, Lavalette, Nieuport, Renault sont occupées, les patrons exigent pour ouvrir la discussion que les grévistes évacuent d’abord les usines. Les représentants de la Fédération des métaux que les députés communistes Duclos, Bonte et Fajon accompagnent au ministère de l’Intérieur, acceptent l'évacuation. Mais les délégués des métallos protestent à la réunion qui se tient le 29 à la Bourse du Travail quand Benoît Frachon transmet cette proposition [36]. Malgré le premier accord Renault, les occupations s’étendent. Costes soulève des protestations quand il affirme que cet accord constitue un succès, et il faudra l’intervention de Benoît Frachon pour aplanir l'incident [37]. L’assemblée des délégués, avenue Mathurin-Moreau, le 9 juin, refuse d'accepter l'application des accords Matignon, signés le 7, "sans un rajustement préalable des salaires" [38]. Il faudra la vigoureuse intervention de Maurice Thorez, le 11 juin, pour que les militants du P.C. s’emploient à "faire terminer les grèves", ainsi qu’il le leur a demandé au nom de la politique d’union du Front populaire, de la nécessité de "ne pas effrayer les classes moyennes", et en fonction de l'importance des résultats obtenus par l'accord Matignon [39].
Les remous sont longs à s’apaiser : on parle couramment dans les usines des "accords Maquignon", et Eugène Hénaff avoue au comité central du P.C. que d’"excellents ouvriers révolutionnaires" voient dans ces accords signés par Benoît Frachon la "troisième trahison de Jouhaux" [40]. Jacques Chambaz résume la situation en écrivant que "des éléments irresponsables et provocateurs tentent de s'introduire dans le mouvement et cherchent à le faire dégénérer dans une voie aventuriste" ; mentionnant les efforts des trotskystes, Chambaz affirme :
C'est à l'adresse des ouvriers influencés par ces éléments que le Bureau politique précisera, le 9 juin, pourquoi la situation en France n’est pas une situation prérévolutionnaire, encore moins révolutionnaire [41].
Maurice Thorez, dans son rapport, souligne d’ailleurs la nécessité de "réagir contre les tendances gauchistes dans le mouvement" et parle de "lutte sur deux fronts" [42]. Hénaff s'en prend à certains délégués qu’il qualifie de "beaux parleurs" et de "forts en gueule" [43]. Jouhaux assure que le danger principal provient de l’"impulsivité de la masse", utilisée dans chaque usine, par les "éléments troubles" dont Roy pense que ce sont "moins des agents provocateurs que de bons camarades qui attendent plus qu’on ne peut leur donner" [44].
La presse ouvrière de juin-juillet fourmille d’indications sur cette poussée à la base, la volonté de durcir et de poursuivre l’action, le refus de souscrire à des accords jugés "insuffisants" : on les découvre seulement en "négatif" dans les communiqués de "mise en garde" des syndicats, fédérations, unions départementales, contre les "éléments inconnus", "louches", "provocateurs", les "surenchères démagogiques" et les "agents du fascisme". Il est plus difficile – du fait même que les communiqués émanent d’appareils syndicaux – de déceler les tendances du mouvement spontané à se couler dans des formes d’organisations nouvelles, toutes inspirées de la pratique de la démocratie directe qui était précisément l’essence du système "soviétique" primitif. Quelques traits cependant permettront une esquisse.
C’est l'initiative du comité de grève des usines Hotchkiss qui réunit une première fois les délégués de 33, puis de 250 entreprises de la région : les 350 délégués présents à la réunion du 12 juin "jugent très utile de former un comité d’entente entre les usines qui permette d'envisager de former demain de nouvelles victoires" [45]. Thorez, qui salue l'initiative, affirme aussitôt que "les conditions ne sont pas encore réunies pour le pouvoir des soviets" [46]. Ce sont les initiatives des délégués d’atelier nouvellement élus à qui le C.C.N. de la C.G.T. rappellera qu’ils "n’ont pas à se substituer à l’assemblée de leurs syndicats", et dont Dumoulin dit qu’ils "exagèrent" souvent leur tâche [47]. C'est enfin le fait que les comités locaux de la C.G.T., en principe organismes de propagande et de liaison, soient en ces journées de véritables organes exécutifs — Daniel Guérin parle du "soviet" des Lilas [48] — au point que l’Union des syndicats de la région parisienne devra "leur rappeler qu’ils ne doivent à aucun moment se substituer aux syndicats intéressés" et qu’"ils devront toujours s’effacer devant le délégué du syndicat intéressé ou celui de l’Union des syndicats" [49].
Il est enfin possible de relever des manifestations de la volonté ouvrière de prendre en main non seulement l'usine déjà occupée, mais la production elle-même. C'est un délégué d’usine de métallurgie qui, à l'assemblée du 7 juin propose, au nom de ses camarades, d’"organiser hardiment la continuation du travail sans le concours patronal" [50]. Ce sont les 650 ouvriers de l’usine de chocolats et biscuits Delespaul-Havez, de Marcq-en-Barœul, qui décident de faire marcher eux-mêmes l’usine, et qui, le courant électrique et l'eau leur ayant été refusés, distribuent gratuitement aux nécessiteux de la ville les marchandises entreposées par le patron avant l'occupation [51]. Il est significatif que seul le Temps ait donné sur cette initiative une brève information, et que la presse du Front populaire n’en ait pas soufflé mot, comme si elle avait craint de favoriser ce que la Lutte ouvrière qualifiait de "solutions les plus énergiques, qui atteignent au cœur le système capitaliste".
Les minorités, en présence d’une situation nouvelle, réagissent en fonction de leurs analyses antérieures, de leur passé et de leurs traditions. Elles aussi, sont surprises et dépassées par l'ampleur du mouvement. Au moins sur ce point en effet, Monatte et Trotsky, Pivert et Ferrat sont d’accord avec Monmousseau et Frachon : le mouvement gréviste de juin 36 est le plus gigantesque qu’ait jamais connu le mouvement ouvrier français.
Monatte avait connu et vécu les vagues de 1907 et 1919-1920. Il est catégorique : la comparaison est toute à l'avantage de 1936. Le grand fait, à ses yeux, c’est que "la classe ouvrière reprend confiance en elle-même". Or ce n’est pas le fruit du hasard. Il écrit : "Par le seul fait de sa naissance, le gouvernement de Front populaire a donné à la classe ouvrière plus que nous n’osions espérer de six mois d’efforts à son abri" [52]. Le voilà, du coup, presque réconcilié : "Sans le Front populaire, la dernière explosion de grèves n'aurait pas eu lieu. Avouons qu’il prend une figure moins inquiétante" [53]. L’importance de la vague et de ses résultats le rassure :
Ne perdons pas de vue, écrit-il, le facteur décisif qu'a été le Front populaire. Pas de méprise de ce côté, surtout devant les jugements catégoriques, devant les condamnations impitoyables que prononcent un certain nombre de groupes et de sectes […] ; Nous ne devons pas nous dresser contre le gouvernement du Front populaire ; nous ne devons rien faire qui puisse permettre, même à tort, de rejeter sur le mouvement syndical la responsabilité de l'échec de cette expérience [54].
A la différence de ceux qui pensent qu’on pouvait "obtenir plus", il se demande, lui, s’il sera possible de "faire entrer en application tout ce qui a été obtenu".
Pour Monatte, ce n'est donc pas "la révolution qui commence" [55]. On chercherait vainement sous sa plume une critique de la position de Thorez sur la nécessité de "savoir terminer une grève". Il semble bien que le noyau de la R.P. soit, sur ce point au moins et dans les circonstances données, d’accord avec Thorez et la direction du Front populaire. Dans le même numéro de la R.P., à la suite de l'article de Monatte, Marcel Roy narre comment "il a fallu faire un travail de persuasion pour arriver à convaincre nombre de camarades que cet accord représentait la première étape", et admet que l’opposition de l'assemblée des délégués d'usine a failli tout faire "échouer", "près du but", remarque-t-il [56]. Ainsi, malgré sa défiance, l’équipe de la R.P. prend position, en juin 36, avec les partis du Front populaire contre les tendances révolutionnaires au débordement, même si, fidèle à elle-même, elle sait se garder des outrances verbales qui accompagnent à cette date les déclarations et les mises en garde de Thorez ou de Gitton.
Trotsky a écrit au mois de mars, en guise de préface à la réédition de Terrorisme et communisme sous le titre de Défense du terrorisme, un véritable manifeste contre la politique du Front populaire [57]. Il a vu dans la manifestation du Mur des Fédérés, comme dans les résultats des élections, la preuve que les électeurs ont voté pour les extrêmes et que les radicaux n’ont échappé au désastre que grâce à leur alliance avec les partis ouvriers. La majorité des électeurs communistes ont manifesté leur volonté d’aller le plus à gauche possible, leur désir d'une ligne révolutionnaire, plus que l'attachement au programme modéré du front. Il souligne que les élections ont eu comme premier résultat d'imposer un gouvernement à direction socialiste à des états-majors qui ne prévoyaient qu'un gouvernement à direction radicale.
Trotsky conteste ensuite que la grève ait été déclenchée en raison des espoirs que les ouvriers auraient placé dans le gouvernement Blum. Il pense que c’est, au contraire, leur manque de confiance dans la force de ce gouvernement, qui les a poussés à passer à l'action, pour l'aider "à la manière prolétarienne". Le 9 juin, il écrit : "La révolution française a commencé" [58]. Ce qui s’est passé,
ce ne sont pas des grèves corporatives. Ce ne sont pas des grèves. C'est la grève. C'est le rassemblement au grand jour des opprimés contre les oppresseurs, le début classique de la révolution [59].
Le plus significatif, pour lui, est que les ouvriers se soient lancés dans cette magnifique improvisation, sans direction, sans état-major, sans plan ni programme : ils prennent conscience de leur force dans cette mobilisation spontanée, et découvrent dans toutes les usines de nouveaux dirigeants.
Persuadé que les grèves de juin sont la preuve du caractère organiquement révolutionnaire du mouvement et qu’elles ouvrent la voie à une étape qui se déroulerait à un niveau supérieur avec l'apparition de soviets, Trotsky n’a pas pour autant placé ses espoirs dans un débordement immédiat des directions du Front populaire, par la poursuite du mouvement après le coup d’arrêt des accords Matignon et du discours de Thorez. Pour aller plus loin, le prolétariat a besoin d'une direction qui ne pourra se forger que si les révolutionnaires savent atteindre et gagner les nouveaux dirigeants du mouvement, les hommes de juin 36.
Une chose est claire par avance, la seconde sera loin d’avoir le même caractère pacifique, presque débonnaire, printanier, que la première. Elle sera plus mûre, plus tenace et plus âpre, car elle sera provoquée par la déception des masses devant les résultats pratiques de la politique du Front populaire et de leur première offensive [60].
Le seul problème pour cette étape – où les masses devront combattre non plus seulement malgré les organisations officielles, mais contre elles – est de savoir si elle se terminera par un écrasement du type de juin 1848 ou une demi-défaite préparant la victoire comme les journées de juillet 1917. La réponse ne peut être donnée que par les capacités des révolutionnaires à construire la direction de rechange dont les masses ont besoin.
Or, sur, ce point précis, toutes les allusions de Trotsky à ses camarades de France sont empreintes de sévérité et même de pessimisme. Pourtant, la vague gréviste a provoqué chez eux un sursaut. Au début de juin, ils ont constitué – tous ensemble – le Parti ouvrier internationaliste. Le nouveau "parti" ne cherche pas à "bluffer" : sa proclamation, écrit-il, ne "signifie rien en soi". Dans une lutte contre le courant, les masses inclinant vers la solution démocratique-bourgeoise du Front populaire, elle ne constitue qu’une "première étape très modeste". Le P.O.I. déclare que sa première tâche doit être "la lutte pour la fusion avec les groupes et courants évoluant vers des positions plus ou moins précises de lutte de classes, même à l'intérieur des partis opportunistes" [61].
A peine né, le P.O.I. est frappé — le premier — par le gouvernement de Front populaire : les premiers numéros de la Lutte ouvrière sont saisis, ses dirigeants poursuivis pour leur appel à constituer milices ouvrières et comités d'usine.
Les événements de juin 36 semblent séparer encore Trotsky et Pivert, si proches une année auparavant. Les amis de Pivert semblent même avoir oublié la "lutte à fleuret moucheté" : à la veille de la formation du gouvernement Blum, ils ont voté, au congrès de Huyghens de la S.F.I.O. une résolution définissant le cadre de l’"expérience Blum" comme un "exercice du pouvoir" dans le cadre du régime capitaliste et de la légalité, et rejetant la conquête et, par conséquent, l'action révolutionnaire, au-delà de cette expérience. La Gauche révolutionnaire apporte ainsi sa caution à ce que Daniel Guérin appelle le "Front populaire n° 1". Significatif à cet égard est le célèbre article de Marceau Pivert, "Tout est possible", dont le mot d’ordre le plus hardi est celui de "Comités populaires entraînant dans le mouvement toutes les énergies prolétariennes sans gêner, bien au contraire, le développement du Parti, ni des syndicats" [62]. Ce "tout est possible" de Pivert doit en réalité être compris au sens particulier de "tout est possible sous la direction du gouvernement Blum", l'affirmation d’une confiance que Trotsky n’avait cessé, depuis une année, de reprocher véhémentement à Pivert.
Or, Marceau Pivert va plus loin puisqu’il entre au secrétariat général de la Présidence du Conseil, chargé par Blum du contrôle politique de l'information. A l'exception de Daniel Guérin, les dirigeants de la Gauche révolutionnaire acceptent cette "mission" qui, en définitive, va pourtant les lier, suivant l'expression de Guérin, "par un fil à la patte", et les ranger, eux aussi, du côté du Front populaire — n° 1 si l’on veut —— contre les tentatives de "débordement" [63].
L'opposition communiste, elle, allait se battre. Le 25 mai, Ferrat intervient au Comité central sur l’attitude du Parti vis-à-vis du gouvernement Blum.
Je ne crois pas, déclare-t-il, qu’un communiste puisse se faire d'illusions sur le prochain gouvernement : il n’est pas un gouvernement révolutionnaire. Nous savons depuis longtemps que, dans la société actuelle, un gouvernement quel qu’il soit, [...], s’il ne brise pas l'appareil de l’État capitaliste, ne peut pas être autre chose que le conseil l'administration de la bourgeoisie [64].
Le gouvernement de Blum, sous lequel Pivert estime que "tout est possible", est pour Ferrat un gouvernement bourgeois vis-à-vis duquel le Parti communiste se doit de conserver toute sa liberté de critique afin de pouvoir dénoncer ses capitulations à venir. Le Parti communiste doit dire aux travailleurs "Vous n’obtiendrez que ce que vous arracherez vous-mêmes par votre action de classe" [65].
L’Humanité fait le silence sur cette intervention, qui restera ignorée du Parti : le danger, est grand cependant d’une jonction entre cette opposition d'un dirigeant et les tendances au débordement qui se manifestent dans les grèves. Le 10 juin, le Bureau politique décide, de convoquer le Comité central pour le 13, et de lui proposer l'exclusion d’André Ferrat. Le 11, à l'assemblée d'information des militants, gymnase Jean-Jaurès, Thorez indique en passant qu’un "membre du C.C. est en désaccord sur la tactique du Front populaire" (l'Humanité orthographiera Fennot) [66]. A la Grange-aux-Belles, Duclos dresse contre Ferrat — qui est présent — un réquisitoire en règle, mentionnant son opposition à la tactique allemande de l’I.C., son hostilité à la déclaration de Staline, à la politique du Front populaire en général. Ferrat demande la parole qui lui est refusée. Le service d'ordre l'empoigne et le retient derrière la tribune jusqu'à la fin de la réunion. L'incident a provoqué stupeur et remous [67].
Le 12, l'Humanité qui publie les directives du C.C., contient également un communiqué du 5 juin du syndicat des Métaux appelant à la poursuite des grèves contre le patronat obstiné. Dans la journée, un communiqué de l'Humanité annonce le renvoi du "coupable", Raveau, qui, en insérant le communiqué des Métaux, a "facilité les manœuvres des exploiteurs de la classe ouvrière" [68]. Paris-soir, écrit, que "l'énergique décision prise par les chefs responsables du Parti communiste vis-à-vis d’un des leurs" facilite la reprise des pourparlers "dans une atmosphère plus sereine et plus sûre" [69].
C'est le 13 juin également que "l'affaire Ferrat" vient devant le Comité central. L’"accusé" s’explique sur ses désaccords passés et ses griefs contre l'attitude actuelle de la direction. "Les dirigeants du Parti, déclare-t-il, [...] entrent en conflit contre l'avant-garde de la classe ouvrière." La politique de "soutien sans éclipse" du gouvernement Blum, "pousse en fait le Parti à collaborer avec la bourgeoisie pour freiner et briser le mouvement gréviste du prolétariat" [70]. Son propre cas illustre le parti pris de la direction de dissimuler la vérité aux militants, son refus de laisser s’ouvrir une discussion politique. Invoquant les résolutions sur l'organisation des partis communistes adoptées en 1921 par le III° congrès de l’Internationale communiste, il s’écrie :
Le principe anticommuniste qui consiste à exiger sous peine d’exclusion la confiance absolue dans une direction prétendument infaillible a remplacé le principe du centralisme démocratique [71].
Le Comité central, considérant que la ligne politique soutenue par Ferrat est une "conception aventurière", "relevant de la plate forme trotskyste", l'exclut de son sein à l’unanimité [72].
Ferrat va dès lors rejoindre ouvertement le groupe Que Faire ? Dans la revue c’est Kagan, qui, sous le pseudonyme de Pierre Lenoir, commente le mouvement gréviste. "Les comités de grève et les délégués d'usine, ce sont les germes des organisations soviétiques", écrit-il.
Quand, le 10 juin à Paris, 587 délégués, représentant 243 usines de la région parisienne, se sont réunis pour décider de la conduite à suivre, qu’est-ce d’autre que le germe d'un soviet ?
Pour l'opposition communiste, il "suffirait" donc de développer ce germe.
Il suffit de rendre ces réunions régulières, de constituer un bureau permanent, il suffit que les délégués et ceux qu'ils représentent comprennent la portée immense des institutions qu’ils viennent de créer pour que ce soviet en puissance devienne un véritable organe de lutte contre le pouvoir, un élément du futur pouvoir ouvrier révolutionnaire [73].
Dans ces circonstances, "en face de la décision unanime des délégués métallurgistes de continuer la grève jusqu’à la victoire entière, la déclaration que Thorez a eu le triste courage de faire ne peut être qualifiée autrement qu’un acte en faveur des patrons" [74].
Pourtant Que Faire ? ne va pas modifier sa ligne de "redressement" du P.C. et du Front populaire. Lenoir continue à distinguer entre le "Front populaire légal", autour du gouvernement Blum, qui cherche selon lui à sauver la société bourgeoise en canalisant l’élan révolutionnaire des masses, et le "front populaire réel", les masses en lutte pour le pain, la paix, la liberté, qui seules ont l'issue entre leurs mains... [75].
Il est incontestable que la direction du Parti communiste a frappé en Ferrat le germe d’une opposition révolutionnaire ou, si l'on préfère, d’une "direction de rechange" qui aurait pu prendre la tête des mouvements de débordement. Est-ce seulement parce que les opposants conscients au P.C., avaient plus de détermination que n’en avaient ceux du Parti socialiste ? Il est permis d’en douter. A la conférence du P.C. en juillet, Maurice Thorez souligne la vigueur du courant "gauchiste" lorsque, parlant des nouveaux adhérents, il s'écrie : "Ils pensent que notre mot d'ordre de propagande "les soviets partout" peut et doit être réalisé tout de suite" [76]. Le phénomène, à vrai dire, est général. Au C.C.N. de la C.G.T., Marcel Roy fait la même analyse à propos de ceux qu’il appelle les "nouveaux venus" à la C.G.T. : "Ils attendent du Rassemblement populaire qu’il fasse sauter les cadres du régime capitaliste, alors qu’en réalité tout n’est pas possible" [77]. Il est incontestable que les jeunes hommes qui se sont révélés les chefs, improvisés souvent, des grèves de juin 36 dans les entreprises, ont rallié le Parti communiste parce qu’ils voyaient en lui un parti révolutionnaire : le danger de débordement a été, pour cette raison, plus aigu au Parti communiste qu’à la S.F.I.O. Et il est très vraisemblable que les centaines de lettres reçues par Ferrat après son exclusion ne reflètent que très imparfaitement ce heurt entre la politique du P.C. et les couches de jeunes travailleurs dont finalement aucun ne connaissait Ferrat et ne se trouvait à même d’apprécier le sens et la portée de son opposition, puis de son exclusion.
Il reste que l’" affaire Ferrat", au sommet de la vague, a été sans lendemains. La classe ouvrière s’est grisée de sa propre force. "L’enthousiasme communicatif qui grise au milieu des grandes foules rassemblées par le Front populaire [...] au faite d’une vague immense d'enthousiasme", comme l’admettait déjà Ferrat à la conférence nationale du P.C. en juillet [78], étouffe les voix discordantes et trop grêles des minorités. L’été 1936 est celui des premiers "congés payés" que les travailleurs goûtent avec la joie de les avoir conquis. Il est aussi celui du début de la guerre d’Espagne d’où surgira le conflit entre la "révolution" et la "guerres" qui prendra pour beaucoup l'allure d’un conflit entre "romantisme" et "réalisme" révolutionnaires. Il est enfin celui du début de l'extermination de la vieille garde bolchevique, au premier Procès de Moscou, coup direct à l'optimisme ouvrier, à la confiance naïve et à l'enthousiasme qui avaient précisément caractérisé le mouvement de juin 36 et favorisé ses tendances à déborder le cadre fixé par les partis du Front populaire.
En fait, dès l'arrêt des grèves, au moment même où la Chambre votait les "lois sociales" qui consacraient la victoire ouvrière, commençait l'érosion, la remise en question des avantages conquis qui était le fait du patronat, l'usure du moral ouvrier qui était celui des directions des partis et syndicats.
Le 7 juillet, le sénateur radical Bienvenu-Martin demande "si le gouvernement tolérera de nouvelles occupations d’usines et de fermes". Le socialiste Salengro, ministre de l'intérieur, répond :
Je répète que le gouvernement est résolu à assurer l'ordre public, et si demain des occupations de magasins, de bureaux, d’usines, de fermes, étaient tentées, le gouvernement, par tous les moyens appropriés, entend y mettre un terme [79].
Certes, ni la C.G.T., ni le Parti communiste n'omettent de protester contre cette menace à peine voilée d’employer à l'avenir la force pour faire évacuer les usines occupées. Les uns et les autres sont néanmoins d’accord pour éviter des occupations qu’ils ne jugent "plus nécessaires". Jouhaux exprime l'avis unanime des dirigeants de la C.G.T. quand il déclare :
Si l'occupation d’usines ne doit pas être poursuivie en raison de la peur qu’elle créé dans l'opinion publique, des angoisses qu’elle fait naître, des possibilités de désagrégation qu’elle peut comporter en elle, si l'usine ne doit plus être occupée, l'usine doit être "neutralisée" en cas de grève, C'est-à-dire lorsqu’une majorité de travailleurs s’est prononcée pour des revendications et que ces revendications n’ont pas obtenu satisfaction et qu’il s’ensuit un mouvement de grève, l'usine doit être fermée [80].
Ce que confirme Benoit Frachon :
Nous leur disons avec franchise que le prolongement de l'agitation gréviste, de la continuation de l'occupation des usines les desservirait [...]. L'occupation des usines n’est pas la seule forme de grève et la grève n’est pas le seul moyen pour obtenir satisfaction [81].
Or, ici ou là, des grèves éclatent, avec occupation des usines. Dans le Nord, c’est, le 9 septembre, la grève des textiles de Lille et des environs contre le refus du patronat d'augmenter les salaires : 33.000 ouvriers et ouvrières occupent 113 entreprises. Roger Salengro, se rend, le 14, à une assemblée de délégués des grévistes et les conjure d’évacuer s’ils ne veulent pas, par leur obstination, provoquer la chute du gouvernement. Un délégué lui rappelle un discours récent dans lequel il lavait affirmé que "si on venait à renverser le gouvernement, c’est la rue et tous les travailleurs qui se dresseraient". Les dirigeants communistes Marthe Desrumeaux et Bourneton joignent leurs adjurations à celles de Salengro. Les délégués votent pourtant contre l'évacuation. Une intervention de dernière heure obtient un moyen terme : évacuer, quitte à réoccuper, si le patronat ne cédait pas. Cette fois, l'évacuation est décidée, de justesse. Le lendemain, les patrons refusent tout compromis ; les grévistes décident de réoccuper [82].
Au même moment, l'agitation recommence à Paris. Le 8 septembre, c’est un débrayage d’une heure à la chocolaterie Suchard [83], une grève d’une heure des chocolatiers et confiseurs contre l'interruption brutale par le patronat de négociations qui durent depuis deux mois sur le contrat collectif [84]. Le 14 septembre à la suite du licenciement de 20 dessinateurs, les 1.200 ouvriers. de l'usine Sauter-Harlé occupent l'entreprise [85]. Ils élisent un comité de grève, hissent sur les bâtiments le drapeau rouge frappé des initiales de la C.G.T. [86]. Quelques jours plus tard, onze entreprises de chocolaterie sont en grève, dont celle de la rue des Gourmets, dans le XV°, qui emploie 150 ouvriers [87]. Cette fois, c’est l’impasse : le comité de grève de Sautter-Harlé, pas plus que celui de la chocolaterie des Gourmets, ne veut entendre raison : l’occupation se poursuit. Le 9, la police, après de sévères bagarres, fait évacuer la chocolaterie : le député communiste Michels, présent, proteste, mais aucune action de solidarité ne sera entreprise [88]. Le 16, le député communiste Georges Cogniot s'adresse à une assemblée des grévistes de Suchard et les convainc d’évacuer [89]. Quant aux grévistes de Sautter-Harlé, qui, à la suite de l'attaque contre la chocolaterie des Gourmets, ont mis l'usine en état de défense, ils sont réquisitionnés au nom de la défense nationale, et, selon l'Humanité "de bonne grâce" [90], selon la Lutte ouvrière "la rage au cœur", reprennent le travail sans avoir obtenu la garantie que la direction reviendrait sur les licenciements contre lesquels ils avaient soutenu une grève de 32 jours [91]. Le bureau de la C.G.T. déclare, en "se plaçant du point de vue de l'intérêt général du pays" :
Il est indéniable que les divergences inévitables entre organisations ouvrières et patronales ne pourront dans la période présente trouver leur solution en évitant les à-coups des arrêts de travail, grève ou look-out et l'occupation des usines que par une procédure de discussion et de solutions apportant à tous des garanties d'impartialité et de sécurité. C’est pratiquer la véritable démocratie que mettre sur le même plan droit du travail et droit de propriété et vouloir que l’un et l'autre trouvent par des solutions de justice sociale leur sauvegarde [92].
Benoit Frachon, s’adressant aux élèves de l’école du syndicat parisien des métaux dit :
Nous savons que les efforts des militants syndicalistes ont empêché que de nombreux différends se transforment en grèves. Nous vous demandons de faire plus encore. Je sais qu’il est dur de maîtriser son impatience quand les injures et les parjures se multiplient. Mais il faut garder la tête froide et ne pas céder aux provocations.
et, plus loin,
Nous vous le disons franchement : dans le présent, votre intérêt bien compris réclame qu'il n’y ait plus d'occupation d'usines [93].
Quand les patrons de Suchard font encadrer les travailleurs par des surveillants armés, quand la direction de Sautter-Harlé maintient non seulement les licenciements prévus, mais licencie 69 ouvriers de plus, le député Cogniot a beau rappeler à l'arbitre qu’il a lui-même obtenu l'évacuation volontaire [94] de l'entreprise, les décisions sont maintenues : il semble bien que les partis du Front populaire et les directions syndicales aient obtenu qu’il en soit fini avec l'"abus des grèves" que Dumoulin déplorait au C.C.N. de septembre. La question est de savoir si tout s’est passé, comme le souhaitait Sémard, ancien secrétaire du P.C. et dirigeant de la Fédération des Cheminots, quand il affirmait : "Cette masse, il faut la discipliner sans la contraindre et sans qu'elle ait l’impression qu'on trahit ses intérêts" [95].
Le Nord, une fois encore relaie la région parisienne. Le 18 novembre, 2 500 métallos débrayent à Fives-Lille contre le licenciement d'un délégué, le chaudronnier Emile Meyer que la Lutte ouvrière qualifie de "militant révolutionnaire" [96]. Le mouvement s’étend. Dormoy, nouveau ministre de l'Intérieur, demande aux ouvriers d’évacuer. Blum leur demande par télégramme "de s’incliner par patriotisme". Les responsables syndicaux font des démarches pour obtenir la promesse d’une "neutralisation" qui leur permettrait de faire accepter l'évacuation. Le 20, se tient à Valenciennes une réunion houleuse de délégués : le député communiste Musmeaux. appuie les secrétaires syndicaux qui combattent l'élargissement. Le 30, le syndicat des métaux se décide à coiffer la grève : il réclame l'application immédiate des quarante heures, une augmentation de 15 % des salaires, un aménagement de la convention collective [97]. Il y a désormais 15 000 grévistes et R. Semat, secrétaire de la Fédération des Métaux écrit : "Ouvriers sidérurgistes, pas de mouvements sauvages, soyez disciplinés en constante liaison avec votre fédération" [98]. Devant les grévistes de Maubeuge, Benoît Frachon tient un langage plus mâle : "Nous sommes capables d'obtenir pour aider les ouvriers en lutte l'aide efficace d'autres fractions de la classe ouvrière" [99]. C'est précisément ce que les grévistes demandent et que la C.G.T. refuse. L'Humanité, en caractères gras, publie le 25 décembre un communiqué des métaux parisiens démentant l'imminence d’une grève générale de la métallurgie : "provocation contre laquelle les métallurgistes et leurs organisations s’élèvent avec indignation" [100]. Entre-temps, gouvernement et syndicats ont mis au point la procédure de l'arbitrage obligatoire "rendu nécessaire, dit Jouhaux, par la manœuvre de la C.G.P.F. rompant les pourparlers et tentant de jeter la classe ouvrière dans un mouvement inconsidéré" [101]. Les métallos du Nord, demeurés seuls, s’inclinent, après 53 jours de grève : les salaires sont augmentés de 9 %, les journées de grève ne sont pas payées. Surtout le licenciement d’Emile Meyer est maintenu : il sera, selon l'Humanité "l'objet d’une manifestation émouvante de sympathie de la part des ouvriers" qui reprennent le travail [102]. Il y a d'ailleurs, au total, 81 licenciements [103].
Depuis juin 36, et particulièrement depuis septembre, la situation n'a cessé de se dégrader. Le gouvernement Blum a dû dévaluer. Il n'a su empêcher ni la fuite des capitaux qui paralyse sa trésorerie, ni la hausse des prix qui annule les augmentations de salaires. La contre-attaque patronale se développe et réussit à imposer son droit, de licencier [104]. Les "ligues" dissoutes se sont reconstituées sous de nouvelles étiquettes et le P.S.F. de La Rocque, qui prolonge les Croix-de-Feu, multiplie les manifestations que les ouvriers prennent pour autant de provocations, surtout quand elles se déroulent dans des banlieues qu’ils considèrent comme leurs fiefs. Le gouvernement n’a épuré ni l'armée, ni la police, ni l’administration. La déception est à la mesure de ce qu’avaient été les espoirs. Les remous se produisent d’abord — et c'est normal — à la S.F.I.O., où les militants de la Gauche révolutionnaire ont le sentiment d’avoir été dupés. Beaucoup sont d'accord avec Collinet qui reproche à Pivert d’avoir approuvé la non-intervention en Espagne. Tous sont choqués de l'atmosphère d’"union sacrée" qui a prévalu lors de la cérémonie parisienne du 11 novembre. La "neutralisation" des usines et l’"arbitrage" gouvernemental leur paraissent des moyens par lesquels on dupe les travailleurs [105]. Début 1937, Marceau Pivert abandonne sa charge au secrétariat général de la Présidence du Conseil : "Je n’accepte pas, écrit-il, de capituler devant le militarisme et les banques […]. Je ne consens ni à la paix sociale, ni a l'union sacrée" [106]. Pour la première fois, un article qu'il a rédigé est censuré dans le Populaire. La circulaire n° 273 du secrétariat de la S.F.I.O. parle de "tentatives de désagrégation" conduites par la Gauche révolutionnaire, de "sanctions" au besoin "nécessaires" [107]. C’est au même moment que Blum s'adressant aux fonctionnaires, réclame la "pause" : il faut cesser. de revendiquer...
C’est à n’en pas douter, l’état d'esprit de la classe ouvrière en ce début de mars 1937 que décrit le secrétaire — réformiste — de la Fédération de l'alimentation, Savoie, lorsqu'il déclare au C.C.N. de la G.G.T.
Il sera difficile de contenir les camarades plus longtemps. Que la Fédération ne décide pas le mouvement que certains réclament, c’est très bien. Mais j'ai peur que l'on ne passe par-dessus sa tête [...] . Si demain nous ne sommes pas capables de trouver encore la possibilité de faire comprendre aux ouvriers [...] qu’il faut patienter encore un peu, nous serons débordés.
Il poursuit :
Les camarades nous disent : "Si nous ne faisons rien, si, pour éviter que le gouvernement soit mis en danger, nous laissons détruire nos organisations syndicales, si nous laissons nos employeurs continuer leurs représailles, si des lois de protection ouvrière ne sont pas appliquées, il y aura désaffection de la part des masses à l'égard du gouvernement de Front populaire" [108].
Notes
[35] Monatte, article cité, la Révolution prolétarienne, 10 juillet 1936, p. 179, col. 1.
[36] Que faire ? n° 19, juillet 1936, p. 12.
[37] Que faire ? n° 19, juillet 1936, p. 19 et l'Humanité, 4 juin 1936.
[38] Le Peuple, 10 juin 1936.
[39] L'Humanité, 13 juin 1936.
[40] André Ferrat, op. cit. "Intervention au C.C. du P.C. le 13 juin", p. 32.
[41] J. Chambaz, op. cit. p. 163-164 : l'auteur polémique ici contre l’ouvrage pionnier de Danos et Gibelin, Juin 36.
[42] L'Humanité, 13 juin 1936.
[43] Cité par Ferrat, op. cit, p. 32.
[44] Compte rendu du C.C.N. de la C.G.T., le Peuple, 26 septembre 1936.
[45] L’Humanité, 13 juin 1936.
[46] Ibidem.
[47] Le Peuple, 26 septembre 1936.
[48] D. Guérin, op. cit. p. 120-123.
[49] Communiqué publié dans le Populaire, l8 juin 1936.
[50] Le Peuple, 8 juin 1936.
[51] Le Temps, 6 juillet 1936; la Lutte ouvrière, 11 juillet 1936.
[52] Monatte, op. cit. p. 177, col 2.
[53] Ibidem, p. 131, col. 1.
[54] Ibidem, p. 177, col. 2.
[55] Ibidem, p. 182, col. 2.
[56] Marcel Roy, "De la volonté, de l’action des métallurgistes est sortie la victoire", la Révolution prolétarienne, 10 juillet 1936, p. 183, col. 2.
[57] « La France a un tournant (28 mars)", in Où va la France ?, 2° éd., p. 103-108.
[58] La Lutte ouvrière, 20 juin 1936.
[59] Ibidem.
[60] Ibidem.
[61] La Lutte de classes, juin 1936.
[62] Le Populaire, 27 mai 1936. Reproduit en annexe par D. Guérin (op. cit. p. 301-304 et Lefranc op. cit. p. 450-453).
[63] Guérin, op. cit. p. 108-111.
[64] A. Ferrat, op. cit. p. 27.
[65] Ibidem, p. 28.
[66] L’Humanité, 13 juin 1936.
[67] Que faire ? n°19, juillet 1936, p. 30-31.
[68] Communiqué du C.C. du P.C. dans l'Humanité et le Populaire du 13 juin 1936. Raveau était "rédacteur responsable de la vie sociale". Après son remplacement — c’est peut-être un hasard — il n’y a plus de comptes rendus des assemblées de délégués, mais seulement des résolutions, toutes dans la ligne. Notons également que c’est dans le même numéro de l'Humanité que parait le compte-rendu de la réunion de délégués de grévistes organisée par le comité de grève de Hotchkiss, dont il ne sera jamais plus question.
[69] Paris-soir, 13 juin 1936.
[70] A. Ferrat, op. cit. "Intervention au C.C. du P.C. le 13 juin", p. 31.
[71] Ibidem, p. 37
[72] L'Humanité, 7 juillet 1936.
[73] Pierre Lenoir, "La classe. ouvrière est entrée en mouvement", Que faire ? n° 19, juillet 1936, p. 6.
[74] Ibidem, p. 8.
[75] Ibidem, p. 10.
[76] L’Humanité, 12 juillet 1936.
[77] Le Peuple, 26 septembre 1936.
[78] Ferrat, op. cit. "Intervention à la conférence nationale du P.C., le 11 juillet 1936", p. 13.
[79] Publié dans les quotidiens du 8 juillet 1936.
[80] Le Peuple, 26 septembre 1936.
[81] L’Humanité, 13 juillet 1936.
[82] La Lutte ouvrière, 19 septembre 1936.
[83] L’Humanité, 9 septembre 1936.
[84] L’Humanité, 10 septembre 1936.
[85] L’Humanité, 15 septembre 1936.
[86] Reportage de L. Nicolas (pseudonyme de Lazarévitch) dans la Révolution prolétarienne du 10 octobre 1936, p. 309-310.
[87] L'Humanité, 22, 23, 24 septembre 1936.
[88] L’Humanité, 12 octobre 1936.
[89] L’Humanité, 30 octobre 1936.
[90] L'Humanité, 10 octobre 1936, sous la signature de Ch. Doucet.
[91] Au mois de novembre, 110 ouvriers et techniciens sont licenciés (la Lutte ouvrière, 14 novembre 1936).
[92] Communiqué du bureau de la C.G.T., l'Humanité, 17 octobre 1936.
[93] Extraits de cette conférence dans l’Humanité, 21 octobre 1936.
[94] Lettre de Cogniot au conseiller d’État Cahen-Salvador qui a arbitré le conflit, l’Humanité, 30 octobre 1936.
[95] Compte rendu du C.C.N. de la C.G.T.. dans le Peuple, 26 septembre 1936.
[96] La Lutte ouvrière, 27 novembre 1936. Dans Juin 36, 10 février 1939, Jean Rous reprend l'expression de "militant révolutionnaire" pour Emile Meyer que l'Humanité orthographie aussi "Mayer".
[97] Ibidem.
[98] L'Humanité, 11 décembre 1936.
[99] L’Humanité, 21 décembre 1936.
[100] L'Humanité, 25 décembre 1936.
[101] Compte rendu de l'intervention de Jouhaux au C.C.N. de la C.G.T. l'Humanité, 8 décembre 1936.
[102] L’humanité, 12 janvier 1937.
[103] La Lutte ouvrière, 1er janvier 1937.
[104] Voir la sentence d'arbitrage délimitant les fonctions des délégués dans l'Humanité du 24 janvier1937. L’un des arbitres était membre du P.C.. L’Usine, journal patronal, salue, le 28 janvier 1937, cette sentence; qui fait jurisprudence et la qualifie de "document capital".
[105] D. Guérin, op. cit. p. 151-156.
[106] Cité par Lefranc (op. cit. p. 233) qui précise que la lettre de démission de Pivert, connue le 28 février, fut publiée dans la Vague le 1er mars .
[107] Cité par Guérin, op. cit., p. 157.
[108] Le Travailleur de l'alimentation, cité par le Drapeau rouge, n” 17 du 7 mai 1937.