1937 |
Paru dans "L'Ecole émancipée" n°41 du 11 juillet 1937. |
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Au secours des révolutionnaires espagnols
28 juin 1937
L'étranglement de la Révolution espagnole se poursuit à un rythme accéléré. Sous la direction de Blum-Eden-Staline, nous avons assisté à la transformation d'une guerre civile en guerre impérialiste. L'avènement du gouvernement Negrin, chargé d'affaires des impérialismes russe, anglais et français, marque la volonté de ces derniers d'en finir avec les réalisations révolutionnaires du prolétariat d'Espagne, d'étouffer la volonté de transformation sociale qui anime les travailleurs espagnols et pour cela de liquider en premier lieu les organisations qui se réclament de la révolution prolétarienne.
Le Parti Ouvrier d'Unification Marxiste est aujourd'hui dissous; sa presse est interdite; ses locaux sont occupés; ses postes de T.S.F., son Secours Rouge supprimés; ses militants arrêtés et poursuivis au nombre d'un millier.
La contre-révolution, dirigée en Espagne en tout premier lieu par les valets de Staline, traque ce parti sous l'accusation monstrueuse de "trahison et d'intelligence avec Franco". Un parti, dont le secrétaire général, Joaquim Maurin [1], a été fusillé par les fascistes; dont le secrétaire des Jeunesses, Germinal Vidal, a été tué sur les barricades de Barcelone en juillet; dont le secrétaire des Jeunesses madrilènes, Jesus Blanco, a été tué sur le front de Pozuelo; dont le secrétaire des Jeunesses Barcelonaises, Miguel Pedrola, a été tué sur le front de Huesca. Le P.O.U.M., dont les meilleurs militants ont laissé leur vie dans la lutte contre Franco et ses commanditaires, est accusé d'intelligence avec ce même Franco. Cela sent Moscou à plein nez et, effectivement, il semble bien que si les protestations ne sont pas assez nombreuses et énergiques, nous aurons à Madrid ou à Carthagène, un nouveau "procès de Moscou".
On accuse le P.O.U.M. d'avoir "fomenté" les journées de mai dernier à Barcelone, alors que tout le monde sait - sauf les lecteurs de la seule Huma - que l'émeute fut la riposte à la provocation contre-révolutionnaire effectuée par le commissaire à l'ordre public, Rodriguez Salas, stalinien naturellement. Cette accusation ne suffisant pas, un complot est monté. Le 17 juin, dans une perquisition faite au consulat péruvien, une lettre est "découverte", adressée à Franco par un mystérieux personnage qui lui explique comment, sur son ordre, il est entré en relations avec les dirigeants du P.O.U.M. qui ont accepté d'aider Franco... (sic).
Ce faux grossier a été évidemment introduit au moment de la perquisition par la police secrète. Le procédé rappelle ceux de la Gestapo ou de la Guépéou.
Pour étrangler la Révolution espagnole, il faut naturellement abattre les militants demeurés fidèles au léninisme et les déshonorer par-dessus le marché. Ces messieurs de la III° sont des spécialistes de cette besogne-là. Après avoir assassiné et déshonoré Zinoviev, Kamenev, Smirnov, Piatakov en U.R.S.S., les voici qui cherchent à abattre et à déshonorer A. Nin, Gorkin, Andrade et leurs camarades d'Espagne.
La vie de ces révolutionnaires est en danger. Nous devons faire le maximum pour les sauver.
Dans les sections du S.N., dans les comités antifascistes, dans les organisations philosophiques ou politiques ou syndicales que nous pouvons toucher: Ligue des Droits de l'Homme, parti S.F.I.O., U.L., etc., nous devons protester et faire protester auprès du gouvernement Negrin et de l'ambassade d'Espagne à Paris, par télégrammes ou par lettres recommandées, contre les persécutions graves qui se produisent contre les militants du P.O.U.M., de la C.N.T. et de la F.A.I. Nous devons réclamer, avec la dernière énergie, le respect de la démocratie prolétarienne. Les garanties indispensables: défense publique, liberté de choisir les avocats, publicité de tous les documents, etc., doivent être accordés aux accusés; elle ne le seront que si la protestation internationale est assez puissante. Il n'y a pas de temps à perdre.
L'E.E. dénonce, une fois de plus, ces procédés infâmes introduits par le stalinisme dans le mouvement ouvrier. L'E.E. s'élève avec force contre le crime qui se prépare en Espagne, contre les militants honnêtes, coupables seulement de leur attachement irréductible à la cause de la révolution prolétarienne. Elle assure les dirigeants du P.O.U.M. de sa confiance inébranlable en leur probité révolutionnaire et invite ses amis à mener d'urgence l'action nécessaire autour d'eux, pour empêcher l'extermination d'un parti ouvrier et sauvegarder l'avenir de la Révolution espagnole.
Notes
[1] A l’époque, Maurin, prisonnier des franquistes, était donné pour mort dans le camp républicain.
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