1935 |
International Information Bulletin, W.P.U.S., n° 2, 7 septembre 1935. Retraduit ici de l'anglais. Lettre au S.I., signée Crux. Trotsky, au cours de son séjour forcé à Paris chez le Dr Rosenthal, père de son avocat et camarade Gérard Rosenthal, avait eu plusieurs entretiens avec des camarades parisiens, et cette lettre était l'un de leurs résultats. |
Œuvres - Juin 1935
Rétablir la discipline
Chers Camarades,
La question des rapports entre notre section française et le groupe du camarade Naville [1] est devenue extrêmement aiguë. Je n'ai pas l'intention de m'étendre sur le passé, mais sur ce qui est le plus récent. Je mentionne seulement ce fait absolument anormal et intolérable : le document « indépendant », avec les signatures de Naville et de trois camarades de notre section, qui a été mis en circulation à l'époque du congrès de Mulhouse [2]. Ce seul fait démontre que nous ne pouvons plus continuer dans cette équivoque.
Sur le plan des principes politiques, il n'y a pas de divergences. Protester contre le « mauvais régime », et s'en servir comme argument pour perpétuer un régime dix fois pire est absurde. En tout cas, en tant qu'organisation internationale, nous ne pouvons du tout tolérer qu'un groupe qui se déclare lui-même d'accord sur les principes exige de nous, de façon ultimatiste, que nous « améliorions » le régime de notre section pour qu'il puisse nous rejoindre. Le régime doit être amélioré par une collaboration commune. Nous estimons énormément les qualités de quelques‑uns des camarades qui composent le groupe du camarade Naville, mais nous ne pouvons tolérer que se prolonge cette situation équivoque.
Que faire ? A mon avis, la réponse est donnée par la situation générale. Le secrétariat international pourrait peut‑être réunir ensemble les représentants de notre section et du groupe de Naville, et arriver avec eux à un accord sur la manière et la période appropriées pour la fusion. Il serait dangereux de fixer un intervalle trop long, par exemple de plus de trois ou quatre semaines. La décision doit être catégorique et obligatoire. Le secrétariat international doit en contrôler lui‑même l'exécution. Il faut espérer que les responsabilités exceptionnelles qui pèsent sur nous et les énormes possibilités qui s'ouvrent devant nous imposeront à tous les bolcheviks‑léninistes la nécessaire discipline.
Notes
[1] Pierre NAVILLE (né en 1904), ancien dirigeant des étudiants communistes, avait rejoint le P.C. en 1926 en tant que partisan de l'Opposition de gauche, et avait fait de la revue Clarté, devenue La Lutte de Classes, la revue théorique de cette dernière. Il avait été en conflit avec Molinier dès le début des années trente. En 1934, avec l'italien Blasco, il avait protesté contre la façon dont l'« entrisme » dans la S.F.I.O. avait été imposé à la section française par Raymond Molinier dont il était toujours l'adversaire. Son groupe était entré cependant à la S.F.I.O. peu après le G.B.L. Partisan de l'unification, Naville exigeait cependant, avant de la consommer, une sérieuse amélioration du « régime interne ». Il avait rendu visite à Trotsky à Domène.
[2] Il s'agit d'une contribution en vue de la préparation du congrès de Mulhouse, datée du 7 juin 1935 et intitulée « Pour un gouvernement ouvrier et paysan », signée de « La rédaction de Lutte de Classes et bolcheviks‑léninistes de la S.F.I.O. ». Ce texte était suivi de onze signatures, dont celles de Pierre Naville, Julien (Blasco) et ses proches camarades, mais aussi de Gérard (Gérard Rosenthal), et Rigal (Louis Rigaudias) qui étaient membres du C.C. du G.B.L.