1932 |
Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français. |
pas de nom
Buyukada, le 18 décembre 1932
Cher camarade,
C'est très gentil à vous d'avoir écrit au vieux bonhomme une lettre si cordiale. Cela nous a fait très plaisir. Ma femme et moi-même avons été très heureux d'avoir fait votre connaissance, et nous en avons parlé à plusieurs reprises. Mais laissons cela.
D'abord à propos de la future conférence. Je lis avec stupeur, dans le procès-verbal de la réunion de la direction nationale du 31 octobre, que l'on prépare la conférence pour janvier ou même pour décembre. Cela signifie que l'on ne donnera pas la possibilité aux sections internationales d'intervenir dans la discussion. C'est absolument inacceptable. Les camarades allemands eux-mêmes ont dans le passé protesté énergiquement et à juste titre contre de tels procédés.
On m'informe que certains se réfèrent à moi pour démontrer que la base sociale de Staline s'est élargie. Cela doit être un malentendu. Le très intéressant rapport oral du camarade Sénine m'a encore renforcé dans la conviction que la "base" de Staline se réduit de façon catastrophique. Toutes les informations récentes concordent sur ce point. Un camarade très sceptique, qui avait tendance à peindre les choses en noir jusqu'à ces derniers temps, entonne maintenant un tout autre air dans une lettre à "La Vérité" (cf. le dernier n° de "la Vérité", le n° 133).
En ce qui concerne la situation économique, le seul reproche que l'on puisse faire à ma brochure est d'être trop prudent dans une caractérisation de la situation afin bien sûr de ne pas livrer aux ennemis des armes trop périlleuses. Seuls des escrocs ou leurs victimes peuvent parler d'«accomplissement» du plan quinquennal.
P.S. Vous envisagez de venir en été, voilà une idée merveilleuse de votre part.