1932 |
Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français. |
Lettre à la direction de la Communist League of America (opposition)
Buyukada, le 13 novembre 1932
Chers camarades,
Je vous ai écrit que nous avions l'intention de "légaliser" le camarade Field dans l'une des sections européennes pour le temps de son travail en Europe. Il s'agissait à l'époque d'un séjour relativement long en Europe. Mais il s'est avéré que pour des raisons financières cela lui est impossible, et qu'il doit retourner bientôt en Amérique. Donc le plan ci-dessus tombe à l'eau, et d'ailleurs nous n'envisageons de le réaliser qu'avec votre accord.
En ce qui concerne l'avenir en Amérique, le plan de Field, d'après les conversations que j'ai eues avec lui, est le suivant : il rentre avec la ferme volonté de travailler pour l'Opposition de Gauche et de se faire réadmettre dans la League, pas à la manière de Weisbord en tous cas. Il proposera ses services à la League sans poser immédiatement la question de sa réintégration. Je crois qu'il pourrait nous rendre de grands services pour gagner des intellectuels marxistes (une activité se situant, disons sur le terrain de ma lettre à Calverton). Grâce à notre supériorité théorique et politique envers le Parti, nous pouvons escompter certaines sympathies de la part des "universitaires", et nous pouvons très bien utiliser ces sympathies, au point de vue matériel et idéologique, sans bien sur livrer l'organisation à ces éléments. Dans le cours de ce travail, il s'avérerait peut-être que Field lui-même a sa place dans l'organisation. Mais vous serez mieux en mesure d'en juger que nous ne pouvons le faire ici. Mais j'insiste pour que dans la mesure du possible les relations avec Field prennent une forme telle que ce camarade puisse continuer à travailler à notre activité théorique internationale.
Je vous prie à nouveau d'assurer la direction new-yorkaise de l'organisation que je n'ai pas et n'ai jamais eu l'intention de prendre à la légère vos décisions d'organisation. Il n'est question dans toute cette affaire que de la nécessité de conserver un élément qualifié pour notre travail international.