1932 |
Edition établie d'après les documents laissés par le regretté Pierre Broué, résultats de travaux à la Houghton Library, pour les "Oeuvres" de Léon Trotsky en français. |
à D. Sobolevicius
13 juillet 1932
Cher Camarade Sénine,
Je vous écris en allemand car ma dactylo russe est en vacances. C'est également pour cette raison que je n'ai pas répondu à votre avant-dernière lettre. En ce qui concerne les thèses sur les relations européennes, américaines, etc., il vous faudra, hélas, prendre patience, car j'ai actuellement du travail urgent et il faudrait d'abord étudier cette question.
La situation à Leipzig est non seulement triste, mais également honteuse. Vous donner un conseil d'ici est chose fort difficile. J'ai tendance à penser que les énergies se tournent vers l'intérieur parce qu'elles ne déploient pas assez d'activité vers l'extérieur. Il faut exiger une règle absolue : chaque membre de l'Opposition doit absolument appartenir à une organisation de masse et rendre compte régulièrement de son activité en son sein. Il en va de même pour la diffusion du journal, etc. Quiconque demeure inactif devrait, selon moi, être rétrogradé au rang de membre candidat ou de sympathisant, c'est- à- dire être dépourvu du droit de délibérer. Je suppose que, du point de vue révolutionnaire, les pires faiseurs d'histoires des deux camps sont relativement improductifs.
En tout état de cause, il me semble absolument nécessaire de faire connaître les événements de Leipzig à tous les membres de l'Opposition allemande, afin d'éduquer l'opinion publique au sein de l'organisation allemande.
On pourrait également envisager une mesure purement organisationnelle : la direction met en demeure les camarades de Leipzig de rétablir en l'espace de deux semaines une situation normale, au moins sur la base des récentes décisions. Si cela ne marche pas, la direction, s'appuyant sur l'ensemble des membres dans tout le pays, mettra sur pied de son propre chef une nouvelle direction leipzigoise composée d'éléments présentant des garanties certaines d'un fonctionnement raisonnable entre camarades et permettant en même temps une activité énergique, tournée vers l'unité et l'activité extérieure.
Et finalement, si l'on ne peut faire autrement, on pourrait aussi faire appel à l'autorité du Secrétariat international.