1919

Texte édité en français dans «l'Internationale Communiste N°1 — 1re année 1919


Léon TROTSKY

Vive le 1er Mai ! Vive le Communisme !

Aux travailleurs de tous les pays

1er mai 1919


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Camarades !

Il y a juste 30 ans que fut proclamée la fête du 1er Mai. En 1889 au Congrès socialiste-international de Paris, au moment ou naissait la deuxième Internationale, les ouvriers de tous les pays décidèrent de fêter le 1er Mai, comme le jour de la mobilisation des forces prolétariennes, comme le jour de la lutte, comme le jour de la fraternité universelle et de la propagande socialiste. La journée de travail de 8 heures, l'action contre la guerre, la suppression des armées permanentes, tels étaient les mots d'ordre de la fête du 1er Mai voici 30 ans.

La bourgeoisie européenne attendit avec crainte la première fête du 1er Mai en 1890. A Vienne, à Paris et dans toute une série d'autres capitales européennes la bourgeoisie prépara des régiments entiers, s'attendant à une révolte immédiate des ouvriers.

Depuis lors, la fête du 1er Mai devint le symbole de la solidarité prolétarienne, de l'unité fraternelle des ouvriers de toutes les nations. Des masses d'ouvriers de toutes les nations. Des masses d'ouvriers et d'ouvrières toujours plus grandes participaient à la commémoration du 1er Mai.

Mais dans les partis socialistes officiels s'introduisaient toujours davantage des éléments hostiles à la masse du prolétariat. A la fin de son existence, la deuxième Internationale faisait de plus en plus perdre sa couleur à la fête du 1er Mai. On donnait à la plus grande fête prolétarienne un caractère officiel. On en chassait l'âme. Certains chefs de la deuxième Internationale, vendus à la bourgeoisie conseillèrent même tout simplement aux ouvriers de l'abandonner.

En 1914, quand commença la massacre impérialiste, ce vœu des chefs subornés se réalisa. Lorsqu'arriva le 1er Mai 1915 les traîtres du socialisme, Allemands de Français, proposèrent à la classe ouvrière de renoncer à la fête du 1er Mai. La guerre «jusqu'au bout&eraquo;, la guerre «jusqu'à la victoire finale», tels étaient les mots d'ordre de ce jour. L'assassinat des ouvriers d'un pays par ceux d'un autre devait se poursuivre sans arrêt. Dans l'intérêt de la «défense nationale» les ouvriers ne devaient pas interrompre leur travail un seul jour, une seule heure afin que, grâce à Dieu la production militaire c'est-à-dire celle des armes au moyen desquelles les ouvriers d'un pays exterminaient ceux d'un autre ne pût se ralentir. Les partis socialistes officiels conclurent une «paix sociale» avec la bourgeoisie. Rien ne devait troubler le bon accord entre les ouvriers et leurs patrons. Le 1er Mai devait être offert en holocauste à cette paix sociale.

Et la fête du 1er Mai du prolétariat se transforma en fête du 1er Mai de la bourgeoisie.

La bourgeoisie de tous les pays accueillit avec un rire satanique, avec une mauvaise satisfaction et force railleries, la renonciation des social-démocrates officiels à la commémoration du 1er Mai. Pour la bourgeoisie de tous les pays cette renonciation des ouvriers à leur fête du travail et de la solidarité internationale, cette renonciation, pour la bourgeoisie de partout valait n'importe quelle victoire remportée sur les champs de bataille.

Quatre années ont passé depuis lors, quatre années longues, torturantes, au cours desquelles la bourgeoisie a impitoyablement exterminé par le fer et par le feu la fleur de la classe ouvrière et ruiné tous les pays d'Europe. Maintenant s'achève le massacre impérialiste provoqué par la bourgeoisie. Les ouvriers de tous les pays peuvent compter leurs victimes. 30 millions de tués et de mutilés, une dizaine de pays dévastés, des milliers d'affamés, de nouvelles dettes de guerre se chiffrant par milliards. Tel est le bilan de la guerre impérialiste. La guerre est terminée et la bourgeoisie des pays où elle reste debout, n'exige pas grand chose de la classe ouvrière. Qu'elle paye elle-même les pertes de la production causées par l'extermination de ces 25 millions d'ouvriers et de paysans. Payer par emprunts, verser de nouveaux impôts, parce que nous avons si brillamment remédié à la surpopulation de l'Europe. Ni plus, ni moins.

La deuxième Internationale a péri. Elle a signé sa propre condamnation à mort le 4 août 1914, quand les social-démocrates allemands et français avec une égale absence de pudeur, votèrent les crédits de guerre c'est-à-dire votèrent leur appui au massacre impérialiste.

Mais l'idée de l'Internationale est vivante. Jamais encore les ouvriers de tous les pays n'éprouvèrent un besoin si vif qu'en ce moment de s'unir internationalement.

Comme la terre crevassée après une longue et torride sécheresse, souhaite la pluie vivifiante, les ouvriers de tous les pays excédés par 4 années de guerre, livrés et trompés par leurs chefs, souhaitent l'union internationale les uns avec les autres.

Les forbans impérialistes s'efforcent de créer à Paris une Internationale Noire, appelée «Ligue des Nations». Les ouvriers conscients du monde entier savent parfaitement que cette soi-disant Ligue des Nations n'est que la Ligue des détrousseurs bourgeois pour l'oppression des nations, pour le partage du monde, pour l'assujettissement des ouvriers, pour l'écrasement de la révolution prolétarienne.

Et les traîtres du socialisme, les gens qui au nom du socialisme ont livré la classe ouvrière à la bourgeoisie et aux propriétaires tentent à leur tour de créer à Berne leur Internationale Jaune.

La résurrection du cadavre de la seconde Internationale n'a pas réussi. Les ouvriers révolutionnaires de tous les pays ont refusé de prendre part à la vile comédie de Berne. Ils n'ont pas envoyé leurs délégués à cette réunion qui se qualifiait internationale pour cette seule raison que les assassins de Karl Liebknecht et de Rosa Luxembourg s'y rencontraient avec les assassins des ouvriers français et anglais. Scheidemann et Albert Thomas, Branting et Hendersan, Huysmans et Axelrod apparurent également comme les laquais de la bourgeoisie. L'Internationale de Berne n'est qu'une filiale de l'Internationale Noire de Paris.

Les Internationales Jaunes et Noires s'efforcent de convaincre les ouvriers de tous les pays de renoncer à la fête du 1er Mai ou de lui conférer un caractère officiel sacerdotal. A la Constituante réactionnaire allemande de Weimar de la bande de Scheidemann avec l'appui de la prêtraille et de la bourgeoisie noire a déjà décidé de transformer le 1er Mai 1919 en une fête nationale et patriotique, c'est à dire bourgeoise et d'exiger ce jour-là, la restitution à l'Allemagne de ses colonies etc.

Mais en 1919 s'est constituée l'Internationale Rouge, l'Internationale du Communisme. Notre Troisième Internationale réalise la camaraderie universelle des prolétaires qui se donnent pour tâche de détrôner la bourgeoisie et d'installer la république internationale des Soviets. Notre Troisième Internationale Communiste prend en main l'organisation de la fête universelle du 1er Mai.

Ouvriers et ouvrières, soldats, matelots, paysans, vous tous, travailleurs ! L'Internationale Communiste vous appelle à prendre part à la grande fête prolétarienne du 1er Mai.

Prolétaires ! Jetez un coup d'œil derrière vous. Nous laissons derrière nous des monceaux d'innombrables cadavres, ceux de nos frères tombés dans la plus sanglante et la plus malfaisante des guerres. Jetez un coup d'œil en avant ! Que nous promettent les bourgeois esclavagistes s'ils restent au pouvoir ? Il ne nous promettent qu'une nouvelle guerre, de nouvelles cabales, des milliards de nouveaux impôts, la famine et l'esclavage sans fin.

Dans quelles circonstances accueillons-nous la première fête de Mai après la guerre impérialiste ? Dans toute l'Europe les ruines fument, souffrant de la faim des milliers d'enfants de prolétaires s'étiolent. Nulle part il n'y a de pain, car pendant 4 années, les hommes au lieu de cultiver les terres s'égorgeaient les uns les autres selon les ordres d'un petit groupe de maîtres d'esclaves. Les villes sont désertes. Dans certains pays on a tué presque toute la population masculine. L'Europe est inondé de sang. Au nom de quoi ? Maintenant, que se dissipe la fumée du chauvinisme et que l'on dresse le bilan de la guerre chaque homme voit au nom de quoi cette guerre était conduite. 4 ministres détrousseurs de «grandes» puissances impérialistes, dans le silence des cabinets, se cachant des peuples partagent le monde, déchiquètent les populations, échangent des pays comme les bohémiens échangent des chevaux. Voilà pourquoi des milliers d'ouvriers et de paysans sont tombés, voilà pourquoi on a fait cette guerre, que les Judas qui s'intitulent socialistes ont glorifiée comme «libératrice», «grande», «civilisatrice».

Mais des ruines du vieux monde naît le nouveau. Plus la bourgeoisie de tous les pays étouffa pendant la guerre le mouvement ouvrier, et plus forte jaillit maintenant la flamme révolutionnaire. La classe ouvrière prend sa revanche pour la torturante opération que la bourgeoisie accomplit sur elle en alliance avec les socialistes officiels qui l'on vendue.

Le communisme est descendu dans la rue. La révolution communiste grandit sous nos yeux. République des Soviets en Russie, en Hongrie, en Bavière, tel est le bilan de la lutte du prolétariat pour ces derniers temps.

Toute l'Allemagne tressaille, tendue par la guerre civile. En Allemagne il ne reste pas une ville où la classe ouvrière ne se révolte contre le pouvoir de la bourgeoisie et des social-patriotes.

Dans la péninsule des Balkans, la lutte des classes bouillonne et se transforme en guerre civile. Si ce n'est aujourd'hui, c'est demain que le communisme remportera dans les Balkans une victoire complète.

En Autriche et en Bohême, les ouvriers se groupent sous la glorieuses bannière du communisme et le moment s'approche de la dernière lutte décisive.

En France de grandes manifestations ouvrières ont commencé. L'acquittement de l'assassin de Jaurès a dessillé les yeux des prolétaires français les plus arriérés.

En Italie la lutte bout et les communistes invitent le prolétariat à prendre la dictature.

En Angleterre les grèves ont acquis un caractère épidémique. Tantôt ici, tantôt là s'organisent les Soviets.

En Amérique la classe ouvrière descend dans la rue et s'apprête au combat décisif.

Dans les pays scandinaves, la lutte des classes commence à se transformer en guerre civile.

Dans les pays neutres tels que la Hollande et la Suisse des centaines de milliers d'ouvriers participaient dernièrement à des grèves politiques.

Les mains des prolétaires, des ouvriers se tendent vers les épées. Il ne se passera pas une année que toute l'Europe n'appartienne aux Soviets. Les travailleurs de tous les pays ont compris que le moment décisif est venu.

Les Soviets : Avec eux tu vaincras ! Ainsi parlent les travailleurs de tous les pays.

Les ouvriers passent avec mépris à côté des socialistes officiels qui leur prêchent la «démocratie en général», c'est-à-dire en fait la démocratie bourgeoise. Les ouvriers voient que dans tous les pays avancés la démocratie tant vantée n'est rien de plus que l'arbitraire, la dictature sans limite d'une bande de malfaiteurs, banquiers et généraux. Les ouvriers s'aperçoivent que dans les démocraties bourgeoises les plus libres on assassine les chefs glorieux de la classe ouvrière, comme on a tué Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg dans la démocratie allemande. Les ouvriers constatent que la bourgeoisie de tous les pays par ses efforts réunis s'apprête à étouffer la révolution prolétarienne en Russie, en Bavière, en Hongrie, et la révolution prolétarienne naissante en Autriche et en Allemagne. Les ouvriers de tous les pays savent comment la bourgeoisie russe pendant toute une année s'est vendue tour à tour au monarque allemand, aux banquiers français, à la bourgeoisie japonaise. Les ouvriers savent que seule la dictature du prolétariat est capable de sauver l'humanité de l'horreur sanglante où l'a plongé la bourgeoisie de tous les pays. Les ouvriers savent que la dictature prolétarienne conduira à la victoire du socialisme.

Il n'y pas de milieu : ou la dictature sanglante des bourreaux-généraux, égorgeant des centaines de milliers d'ouvriers et de paysans au nom des intérêts d'une bande de banquiers, ou la dictature de la classe ouvrière, c'est-à-dire de la grande majorité de travailleurs désarmant la bourgeoisie, créant sa propre armée rouge et libérant le monde de l'esclavage.

A bas l'autocratie des tsars et des rois ! Ce cri retentit en 1917 et son écho s'est répété par toute l'Europe. Les couronnes sont tombées des têtes de Nicolas Romanoff, de Wilhelm Hohezollern, de Charles d'Autriche et d'autres bourreaux d'un plus grand ou d'un moindre calibre.

A bas l'autocratie du capital ! — Ce cri retentit maintenant, quand les ouvriers de la majorité des pays commencent une seconde révolution, quand ils se révoltent pour la seconde fois, quand ils se préparent à la dernière, à la décisive bataille.

Journée de travail de 8 heures — tel était par le passé le mot d'ordre de la fête du 1er Mai. Les républiques des Soviets ont déjà satisfait à cette revendication. Les ouvriers des pays où le pouvoir des Soviets à déjà vaincu mettent à l'ordre du jour la réalisation de la journée de travail de 6 heures.

Contre le militarisme bourgeois, — cette vieille revendication de l'ancien 1er Mai conserve maintenant toute sa force et c'est en son nom que nous créons notre propre armée de classe, l'armée du travail, l'armée des pauvres, l'armée du socialisme. L'armée rouge existera bientôt dans le monde entier. L'armée rouge vaincra.

A bas la guerre impérialiste ! s'écriaient les ouvriers du monde entier le jour du 1er Mai. A bas leur guerre, à bas la guerre que les impérialistes de l'Entente veulent déclarer aux Soviets de Russie et de Hongrie, dirons-nous maintenant. Vive la guerre civile, la seule juste dans laquelle la classe opprimée combat contre les oppresseurs !

La dette d'honneur des ouvriers exige une intervention immédiate contre les Etats bourgeois qui veulent étouffer les républiques des Soviets nées ou naissant sous leurs yeux en Europe.

A bas les impérialiste français, à bas la bourgeoisie de l'Entente, à bas les malfaiteurs qui veulent envoyer leur armée en Russie pour restituer le pouvoir aux propriétaires, restaurer la monarchie, réinstaller la bourgeoisie !

Travailleurs et soldats français, anglais, américains, italiens, serbes, roumains, polonais ! tournez vos baïonnettes contre votre propre bourgeoisie. Votre ennemi est dans votre propre pays. Insurgez-vous à l'arrière contre les gouvernements bourgeois. Qu'ils ne puissent même pas songer à vous donner le rôle de bourreaux et d'étrangleurs de la révolution russe et hongroise.

Travailleurs et soldats allemands et autrichiens ! Tournez vos baïonnettes contre votre propre bourgeoisie et les social-démocrates qui la servent. Abrégez les douleurs de l'enfantement de la société communiste. Seuls vous pouvez sauver votre pays des souffrances de la faim et du chômage auxquelles les rois, les bourgeois et les généraux unis aux traîtres «social-démocrates» l'ont condamné.

Travailleurs et soldats polonais, lithuaniens, esthoniens, finlandais ! Votre propre bourgeoisie et les impérialistes de l'Allemagne et de l'Entente vous excitent contre la grande république des Soviets russes. Rappelez-le-vous : la grande république fédérative des Soviets de Russie unit tous les travailleurs sans distinction de nationalité. La bourgeoisie veut se servir de vos mains pour vous forger des chaînes. A la lutte ! Dans la rue ! le jour du Premier Mai, jurez de conquérir le pouvoir et la liberté dans chacun de vos pays.

Ouvriers et paysans et soldats turcs ! Vous avez commencé la révolution, menez-la jusqu'au bout. Ne permettez pas à votre bourgeoisie de vous tromper. Edifiez des Soviets, créez votre armée rouge, tendez votre main à toutes les républiques des Soviets d'Europe.

L'assaut commence. L'incendie de la révolution prolétarienne se propage par toute l'Europe avec une force irrésistible, le moment approche qu'attendaient nos prédécesseurs et nos maîtres, que prévoyaient les génies fondateurs du socialisme scientifique : Marx et Engels. Ce dont rêvaient les meilleurs hommes de l'humanité, devient une réalité. Notre drapeau rouge teint du sang des cœurs de générations entières, de grands lutteurs et de martyrs de la classe ouvrière, ce drapeau flotte dans le monde entier. Le glas de vos oppresseurs a sonné. Le 1er Mai 1919 doit devenir le jour de l'attaque, le jour de la révolution prolétarienne dans toute l'Europe. Ce qui faisait trembler la bourgeoisie européenne il y a 30 ans se réalise maintenant.

NOS MOTS D'ORDRES :

Vive la dictature du prolétariat dans le monde entier !
Vive la république internationale des Soviets !
Tout pour la défense des républiques des Soviets russe, hongroise, bavaroise !
Vive l'armée rouge internationale !
Vive la Troisième Internationale !
Vive le Communisme !
Vive le Premier Mai Communiste !

Que dans les rues de toutes les capitales européennes le 1er Mai 1919, se montrent les bataillons nombreux de la garde rouge prolétarienne. Que partout où vivent et luttent les travailleurs ils descendent dans la rue le 1er Mai ; que dans chaque ville et dans chaque village la fête du 1er Mai soit marquée par des démonstrations. Que retentissent impitoyablement aux oreilles de la bourgeoisie européenne les cris : A bas le capital, vive le communisme !

Que les travailleurs de tous les pays ne lâchent pas le fusil que la bourgeoisie a mis par force dans leurs mains en 1914. Armement des ouvriers, désarmement de la bourgeoisie, telle est la parole du jour.

Les luttes qui se sont produite jusqu'à présent en différents pays n'ont été que des rencontres d'avant-postes entre le travail et le capital. La grande bataille est imminente, la bataille décisive approche. Toute l'Europe retentit de la clameur des prolétaires mécontents et tendus vers la lutte. Des secousses sismiques se perçoivent en divers points de notre planète. Dans l'orage et dans la tempête, dans le sang et dans les larmes, dans la faim et dans la souffrance infinie un nouveau monde naît, le monde clair du communisme, de l'universelle fraternité des travailleurs.

En 1919 la grande Internationale Communiste est née. En 1920 naîtra la grande république internationale des Soviets.

VIVE LE PREMIER MAI !

Le Comité Exécutif de l'Internationale Communiste.
Article rédigé par L. D. Trotsky


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