1917 |
Traduction à partir de l’anglais d’un discours prononcé par Leon Trotsky lors de la Conférence des Sociaux-démocrates unis de toute la ville le 20 mai 1917 (7 mai ancien style). Il a été publié dans Novaia zhizn (Nouvelle Vie), n° 18, le 22 (9 ancien style) mai 1917 et a été republié dans les Sochineniia (œuvres) de Trotsky. [1] Source WSWS. | téléchargement fichier .epub : |
Œuvres - mai 1917
Discours sur le rapport du camarade Uritsky relatif à l’attitude du Gouvernement provisoire
Notre révolution est qualifiée de révolution bourgeoise. Cela signifie que, dans le meilleur des cas, la démocratie bourgeoise aurait pu arriver au pouvoir, et que le prolétariat doit être dans l’opposition. [2]
La frange du Parti social-démocrate qui a donné ses membres Tsereteli et Skobelev au gouvernement provisoire, est devenu un parti gouvernemental, un parti de la révolution bourgeoise, ce qui signifie un parti bourgeois. La différence entre la masse des députés du Soviet des députés des ouvriers et des soldats, et ses dirigeants idéologiques Tsereteli et Skobelev est la suivante : les premiers n’ont pas examiné et compris la complexité complète des forces motrices de la révolution alors que Skobelev et Tsereteli, en tant que dirigeants idéologiques de la Social-démocratie, compromettent avec leurs tactiques non seulement les sociaux-démocrates et les socialistes-révolutionnaires, mais aussi cette tendance de la Social-démocratie (Zimmerwald) qui se considère elle-même dans ses rangs et en laquelle nous plaçons tous nos espoirs pour la reconstruction de l’Internationale.
Nous ne les expulsons pas du parti ; par leur propre conduite, ils se mettent en dehors des rangs de la social-démocratie. Nous nous débarrassons de la moindre responsabilité à leur égard. En entrant au gouvernement, ils en sont devenus soit les captifs, soit les agents, et la seule tâche pour nous, sociaux-démocrates révolutionnaires, est de les démasquer. Nous avons une tâche claire et définitive : le transfert de tout le pouvoir aux Soviets. Pour nous, ce problème ne figure pas à l’ordre du jour actuel. Nous savons que la conquête du pouvoir est un processus long et que cela dépend du rythme des événements ; Nous ne parlons pas de la prise du pouvoir en dehors du Soviet, car c’est la forme représentative qui dirige l’intégralité de la démocratie révolutionnaire. Nous devons nous efforcer seulement de créer notre propre majorité au Soviet, en imprégnant son travail d’un contenu véritablement révolutionnaire, et nous devons organiser les masses populaires autour de nos slogans.
La prise du pouvoir le plus rapidement possible n’est pas dans notre intérêt, car plus ce moment recule de nous, et plus nos rangs seront organisés et conscients, plus nous serons préparés au moment nécessaire pour prendre le pouvoir.
Nous rejetons catégoriquement tout soutien au nouveau gouvernement provisoire, et sa crise ne sera pas notre crise, car nous disons continuellement aux masses ouvrières la véritable essence du gouvernement provisoire. Il est rempli d’égoïsme bourgeois, initialement caché sous une phraséologie démocratique, et maintenant par deux cadavres socialistes. L’entrée des socialistes dans les ministères se terminera par la faillite complète, car même Chernov ne peut rien accomplir. Il préparera des documents pour l’Assemblée constituante, mais il ne prendra aucune mesure concrète ; pendant ce temps, un régime de forces contre-révolutionnaires s’organise. Si nous nous retrouvons dans ce régime, il n’y aurait plus d’espoir pour nous à l’avenir. Il y a une agitation dans le Soviet des députés des ouvriers et des soldats, avec des éléments qui s’écartent vers la droite et vers la gauche, mais ce n’est pas le dernier chapitre de l’histoire de la révolution. Il y aura un troisième et un quatrième chapitre, lorsqu’une séparation complète des éléments petit-bourgeois urbains et ruraux se mettra en route. Nous ne savons pas si nous allons en sortir vainqueurs, mais nous savons que rien ne changera par le déplacement de quatre personnes du Soviet vers le gouvernement. Les relations de classe ne changent pas par des compromis et des reconsidérations internes. Nous devons avancer avec notre propre classe ; nous ne savons pas si nous serons les vainqueurs, mais nous savons qu’il n’y a pas d’autre moyen.
Si Marx s’est trompé en prédisant la révolution sociale prématurément, cela ne signifie pas que nos prédictions à nous seront prématurées. Après tous les chocs de la guerre, après 50 ans de culture socialiste, après tout ce que les gens ont vécu, quelles autres conditions pourraient être plus favorables à la révolution sociale ? Et si la guerre, qui a obligé tous les peuples à rejeter toute la fausseté, les mensonges et le vernis du chauvinisme, ne conduit pas l’Europe à la révolution sociale, cela signifie que l’Europe est destinée à subir une dégénérescence économique et que c’en sera fini d’elle comme territoire civilisé, elle ne servira qu’à la curiosité des touristes, tandis que le centre du mouvement révolutionnaire se déplacera en Amérique ou au Japon.
Notes
[1] Note des éditeurs des Sochineniia (œuvres de Trotsky) :
La Conférence des Sociaux-démocrates unis de toute la ville (bolcheviks et internationalistes) s’est ouvert le 7 (20 nouveau style) mai 1917. La conférence a salué le camarade Trotsky qui était présent en tant qu’invité. En réponse aux salutations, le camarade Trotsky a déclaré que pour lui, qui avait toujours défendu la nécessité d’unifier les forces sociales-démocrates, l’unité en tant que telle n’était pas une fin en soi, mais cette formule doit être remplie de contenu révolutionnaire. La conférence actuelle devrait passer sous la bannière de la révolution sociale mondiale, sous la bannière d’une nouvelle Internationale, contre le défensisme, contre les cadavres vivants du « faux socialisme ». Alors, le camarade Trotsky a prononcé ce discours sur le rapport du camarade Uritsky portant sur l’attitude envers le gouvernement provisoire et les ministres sociaux-démocrates, Tsereteli et Skobelev.
[2] Ici, l’auteur présente la position des mencheviks.