1868-94

«Dans tous ces écrits, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste. Pour Marx, comme pour moi, il est absolument impossible d'employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre. »
Fr. Engels - Préface à la brochure du Volksstaat de 1871-1875.

Une publication effectuée en collaboration avec la bibliothèque de sciences sociales de l'Université de Québec.


La social-démocratie allemande

K. Marx - F. Engels

3
Pénétration petite-bourgeoise de la social-démocratie


Réformisme social-démocrate et Socialisme d'État bismarckien

Engels à Bebel, 6 juin 1884.

J'ai reçu ta lettre du 4 courant, et je pourvoirai au nécessaire. Tu ne dis pas si tu as reçu ma lettre recommandée du 12 avril [1] dans laquelle je t'ai renvoyé l'enveloppe ouverte par effraction de ta lettre du 18 du même mois. Si elle a été interceptée, cela démontrerait une double violation policière à la Stieber de notre correspondance.

Si tout se passait suivant les désirs des conservateurs et des libéraux et aussi d'après les envies secrètes du philistin progressiste, la loi anti-socialiste serait depuis longtemps bien sûr une institution stable en Allemagne, et le resterait éternellement. Mais cela ne saurait se produire que s'il ne se passe rien d'autre dans le monde et que si tout reste en l'état actuel. Malgré tous ces vœux de philistin, cette loi était bien près de craquer, si l'ami Bismarck n'y avait pas mis ses deux derniers ressorts : I'intervention directe de l'Empereur et la menace de dissolution [2]. Il n'est donc même pas nécessaire de secouer très fortement le statu quo qui semble en ce moment si assuré, pour mettre fin à toute la merde. Et cela se produira plus tôt à mon avis, avant que deux ans soient passés.

Cependant Bismarck vient de nous jouer pour la première fois un véritable mauvais tour [3], en procurant aux Russes 300 millions de marks. Cela fera tenir le tsarisme pendant quelques années face à la crise financière aiguë - ce qui. élimine par conséquent pour le proche avenir un danger urgent, à savoir que le tsar soit contraint de convoquer les états généraux pour se faire donner de l'argent, comme en France en 1789 et en Prusse en 1846. Si la révolution n'était pas différée de quelques années, il devrait y avoir ou bien des complications imprévisibles ou encore quelques coups de tonnerre nihilistes [4]. Dans les deux cas, il n'y a pas de prévision possible. Tout ce qui est sûr, c'est que la dernière opération de pompage ne pourra pas être répétée.

A l'intérieur, ce qui nous attend - comme tu le dis toi-même - c'est le changement de règne, et cela doit tout faire trembler. Voici de nouveau une situation analogue à celle de 1840, avant la mort du vieux Frédéric-Guillaume III. La stagnation politique qui s'étale depuis si longtemps a enchaîné à elle des intérêts si nombreux que tous les philistins n'aspirent à rien moins qu'à ce qu'elle se perpétue. Or avec le vieux monarque disparaît la clé de voûte, et tout l'artificiel édifice s'écroule; les mêmes intérêts, placés devant une situation toute nouvelle, trouveront subitement que le monde a une allure toute différente de celle d'aujourd'hui, et ils devront se chercher des appuis nouveaux. Le nouveau monarque et son nouvel entourage ont des plans longtemps refoulés; tout le personnel régnant et apte à régner obtient du renfort et se modifie; les fonctionnaires perdent la tête dans les conditions nouvelles devant la précarité de l'avenir, l'incertitude à propos de celui qui viendra au pouvoir demain ou après-demain - tout cela fera ballotter l'action de tout l'appareil gouvernemental. Or c'est tout ce dont nous avons besoin. Mais nous aurons davantage encore. En effet, premièrement, il est certain que le nouveau gouvernement aura au début dès velléités libérales, mais ensuite il prendra peur de lui-même, oscillera de-ci de-là et enfin tâtonnera en agissant au jour le jour et en prenant des décisions contradictoires d'un cas à l'autre. Abstraction faite des effets généraux de ces oscillations, que deviendra la loi anti-socialiste, si elle est appliquée dans les conditions que je viens de décrire ? La moindre tentative de la mettre en vigueur « honnêtement », suffira à la rendre inapplicable. Ou bien elle doit être appliquée comme elle l'est aujourd'hui, dans le plus pur arbitraire policier, ou bien elle ne sera plus qu'une peau de chagrin. C'est un premier point. Quant à l'autre, c'est qu'enfin la vie reviendra dans la boutique politique bourgeoise et que les partis officiels cesseront d'être la masse réactionnaire indistincte qu'ils forment aujourd'hui (ce qui n'est pas avantageux pour nous, mais tout à fait dommageable), et qu'ils recommenceront à se combattre mutuellement comme il convient, voire à lutter pour le pouvoir politique. Il y a pour nous une différence énorme entre le fait que non seulement les nationaux libéraux, mais encore les éléments éclairés autour du prince héritier parviennent au pouvoir, et le fait que, comme c'est le cas aujourd'hui, la capacité de régner n'appartient qu'aux libres conservateurs. Nous ne pourrons jamais détourner les masses des partis libéraux tant que ceux-ci n'auront pas eu l'occasion de se discréditer par leurs pratiques en occupant le pouvoir et en montrant qu'ils sont des incapables. Nous sommes toujours, comme en 1848, l'opposition de l'avenir, et le plus extrême des actuels partis doit arriver au gouvernement pour que nous puissions devenir face à lui l'opposition effective. La stagnation politique, c’est-à-dire une lutte sans signification et sans but des partis officiels, comme elle se pratique aujourd'hui, ne peut nous servir à la longue. Ce qui nous servirait en revanche, ce serait une lutte progressive de ces partis avec un glissement graduel à gauche du centre de gravité.

C'est ce qui se déroule actuellement en France, où la lutte politique se déroule comme toujours sous la forme classique. Les gouvernements qui se succèdent s'orientent toujours plus à gauche – le ministère Clemenceau est déjà en vue, et ce ne sera pas le parti bourgeois le plus extrême. Avec chaque glissement à gauche, ce sont des concessions aux ouvriers (cf. la dernière grève de Denain, où pour la première fois la troupe, n'est pas intervenue), et ce qui est encore plus important, c'est que le terrain sera de plus en plus déblayé pour le combat décisif, tandis que les prises de position politiques seront toujours plus claires et plus pures. Je considère ce développement lent mais irrésistible de la République française vers son nécessaire résultat final : l'antagonisme entre bourgeois radicaux jouant les socialistes et ouvriers véritablement révolutionnaires comme l'un des événements les plus importants et je souhaite qu'il ne soit pas interrompu; je suis content que nos gens ne soient pas encore assez forts à Paris (pour cela il n'en sont que plus forts en province) pour se laisser aller par la force de la phraséologie révolutionnaire à des putschs.

Ce développement n'a évidemment pas un caractère aussi classiquement pur dans la confuse Allemagne qu'en France; pour cela nous avons pris bien trop de retard, et nous ne vivons les événements qu'après que les autres en aient fait l'expérience. Mais malgré toute l'indigence de nos partis officiels la vie politique de quelque espèce que ce soit nous est bien plus avantageuse que l'actuelle mort politique, où le seul jeu est celui des intrigues diplomatiques.

L'ami Bismarck a baissé les culottes plus vite que je ne l'escomptais et a montré le derrière de son droit au travail au peuple rassemblé [5]: la loi anglaise sur les pauvres de la quarante-troisième année du règne d'Elizabeth avec tout son arsenal d'embastillement de 1834 ! Quelle joie pour nos Blos, Geiser et Cie [sociaux-démocrates de droite], qui depuis un certain temps déjà ont enfourché le dada du droit au travail et semblaient se figurer qu'ils avaient déjà pris Bismark dans leurs rêts ! Or comme j'en suis à ce thème, je ne peux te cacher que les interventions de ces messieurs au Reichstag - pour autant que je puisse en juger d'après de piètres comptes rendus de journaux et dans leur propre presse - m'ont de plus en plus convaincu que moi au moins je ne me situe absolument pas sur le même terrain qu'eux et que je n'ai rien de commun avec eux. Ces prétendus « éléments cultivés » sont en réalité de parfaits ignorants et des philanthropes qui se rebellent de toutes leurs forces contre l'étude. Contrairement aux vœux de Marx et en dépit des avertissements que je prodigue depuis de longues années, on ne les a pas seulement admis dans le parti, mais on leur a encore réservé les candidatures au Reichstag. Il me semble même que ces messieurs découvrent de plus en plus qu'ils ont la majorité dans la fraction parlementaire et que, précisément avec leur complaisance servile à l'égard de toute miette de socialisme d'État que Bismarck jette à leurs pieds, ils sont le plus intéressés au maintien de la loi anti-socialiste, à condition bien sûr qu'elle soit maniée avec la plus grande douceur contre des gens aussi dociles qu'eux. Dans ces conditions, ce ne sont jamais que des gens comme toi et moi qui empêchent le gouvernement de suivre cette voie. En effet, s'il était débarrassé de nous, ils pourraient démontrer très facilement que la loi anti-socialiste n'est même pas nécessaire contre eux. L'abstention et toute l'attitude vis-à-vis de la loi sur la dynamite étaient tout à fait caractéristique [6]. Or qu'adviendra-t-il lors des prochaines élections, lorsque les circonscriptions électorales les plus sûres reviendront à ces gens, comme il semble [7] ?

Il est très dommage que tu sois si éloigné pendant les prochains mois si critiques de préparation des élections, car nous aurions certainement toutes sortes de choses à nous communiquer. Ne peux-tu m'indiquer une adresse d'où l'on pourrait te faire parvenir les lettres que je t'écris; j'espère, en outre, que tu me feras part de temps en temps de ce que tu as appris d'intéressant durant ton voyage.

Abstraction faite de la progression continue et de l'organisation toujours plus solide des éléments bourgeois et cultivés dans le parti, je n'ai pas d'inquiétudes pour la suite. Je voudrais aussi que l'on évite une scission, si c'est possible - tant que nous n'avons pas le champ libre. Mais si elle doit être nécessaire - et c'est à vous d'en décider - , alors qu'il en soit ainsi.

Je vais faire paraître une étude sur l' « origine de la famille, de la propriété et de l'État »; je t'en enverrai un exemplaire dès qu'elle sera publiée, Ton vieux

F. Engels


Engels à A. Bebel, 11 octobre 1884.

L'agitation électorale ne cesse de me préoccuper toute la journée. La grande démonstration [électorale] de trois ans est un fait de dimension européenne, face à laquelle les rencontres, dictées par la peur de tous les empereurs s'évanouissent. Je me souviens encore parfaitement du coup de tonnerre produit par nos succès électoraux de 1875 en Europe, et l'anarchisme bakouniniste en Italie, France, Suisse et Espagne s'en trouva balayé de la scène. Or c'est précisément à l'heure actuelle que nous aurions de nouveau besoin d'un tel choc. Les anarchistes caricaturaux à la Most qui, comme Rinaldo Rinaldi, sont déjà tombés au niveau - voire au-dessous - d'un Schinderhannes, recevraient, au moins pour ce qui concerne l'Europe, un coup de massue, et cela nous épargnerait beaucoup de peine et de travail...

Quel sera l'effet des prochaines élections sur la nouvelle fraction parlementaire ? Certains des candidats nouveaux qui ont le plus de chances d'être élus me sont totalement inconnus, la plupart des « cultivés » ne m'est pas connue très favorablement. Sous le régime de la loi anti-socialiste, il n'est que trop facile aux socialistes bourgeois ou de tendance bourgeoise de satisfaire les électeurs en même temps que leur penchant à se mettre toujours en avant. Il est aussi, tout à fait normal que de tels gens soient présentés dans des circonscriptions électorales relativement retardataires et y soient élus. Or voilà qu'ils assaillent aussi les vieilles circonscriptions, qui méritent d'être mieux représentées, et ils y trouvent l'appui de gens qui devraient pourtant être avertis. Dans ces conditions, je ne vois pas clairement de quoi sera faite la fraction, et moins encore ce qu'elle entreprendra. La division en un camp prolétarien et un camp bourgeois devient de plus en plus marquée, et si les bourgeois s'avisent alors de mettre les prolétariens en minorité, ils peuvent provoquer la scission. Je crois qu'il faut avoir cette éventualité en vue.

S'ils provoquent la scission - ce pour quoi ils doivent cependant se munir encore d'un peu de courage - ce ne sera pas trop grave. Je suis toujours d'avis que nous ne pouvons pas nous permettre de la provoquer tant la loi anti-socialiste reste en vigueur; mais si elle se fait alors il faut y aller et je suis à tes côtés dans la bagarre.

Je me réjouis que les gens ne mordent pas au méchant appât des colonies [8]. C'était la carte la plus habile que Bismarck ait jouée, car elle est exactement calculée pour séduire le philistin, étant débordante de promesses illusoires, mais ne devant se réaliser que très lentement et lourde d'énormes dépenses. Bismarck doté de colonies, voilà qui me rappelle le dernier duc de Bermbourg, ce fou (en vérité, ce crétin) qui disait au début des années quarante : je veux moi aussi avoir un chemin de fer, même s'il doit me coûter mille thalers. Telle est l'idée que se font Bismarck et ses collègues philistins du budget colonial par rapport aux coûts réels qui en découleront. De fait, je tiens Bismarck pour assez bête en l'occurrence pour se figurer que Lüderitz et Woermann en supporteront les frais.


Engels à A. Bebel, 29 octobre 1884.

À mes yeux, il importe peu à présent que nous gagnions finalement tant et tant de sièges; les quinze qui nous sont indispensables [pour déposer des motions] nous sont assurés, et le principal c'est de démontrer que le mouvement continue sa progression à pas aussi rapides que sûrs, qu'une circonscription après l'autre est gagnée et que les autres partis perdent de plus en plus leur assurance. Ce qui est formidable, c'est que nos ouvriers dirigent les affaires, fassent preuve de décision, d'obstination et surtout d'humour, cependant qu'ils conquièrent un poste après l'autre et mettent en échec tous les mauvais coups, toutes les menaces et tous les abus du gouvernement et de la bourgeoisie. L'Allemagne aurait bigrement besoin de regagner le respect du monde; Bismarck et Moltke ont peut-être réussi à la faire craindre mais ce ne peuvent être que les prolétaires qui pourront gagner le respect et la véritable considération qui ne sont dus qu'à des hommes libres sachant se discipliner eux-mêmes.

L'effet en sera énorme sur l'Europe et l’Amérique. En France, je vois déjà un nouvel essor de notre parti. Les gens y sont toujours encore sous le coup de l'écrasement de la Commune, dont ils auront à souffrir longtemps. Si celui-ci a eu un effet énorme sur l'Europe, elle a rejeté le prolétariat français en arrière. « Avoir gardé pendant trois mois le pouvoir - et à Paris par-dessus le marché - et ne pas avoir fait sortir le monde de ses gongs, mais s'être ruiné par sa propre incapacité (et c'est de ce côté tout à fait unilatéral que l'on saisît les choses de nos jours.) - voilà qui démontre que le parti n'était pas viable. » C'est ainsi que parlent en général ceux qui ne comprennent pas que la Commune fût à la fois le tombeau du vieux socialisme spécifiquement français et le berceau du nouveau communisme international pour la France. Et les victoires des ouvriers allemands aideront de nouveau ce dernier à se remettre en selle.


Notes

[1] Cette importante lettre d'Engels n'a pu être retrouvée.

[2] Lors de la réception, d'une, délégation de la Diète d'Empire, du Reichstag et de la Diète prussienne à l'occasion de l'anniversaire de Guillaume 1° le 22 mars 1864, celui-ci déclara qu'il ne comprenait pas comment le Reichstag avait pu rejeter (en première lecture) le projet de toi sur la prolongation de la loi anti-socialiste laissa entendre qu'il considérait ce rejet comme étant un acte d'hostilité vis-à-vis de lui-même.

Lors des débats sur la prolongation de la loi anti-socialiste, le chancelier Bismarck menaça, le 9 mai 1884, le Reichstag de dissolution au cas où il repousserait son projet.

[3] Bismarck évitera scrupuleusement que surgisse même le moindre heurt à t'extérieur qui eût pu amorcer le processus de la lutte de classe directe entre prolétariat et bourgeoisie. Tout au long de cette décennie, Engels suivra anxieusement tout signe de dégel de la vie politique, permettant une action révolutionnaire de la social-démocratie allemande, soit le passage de la violence potentielle, indirecte, basée sur la menace et le gel de la vie politique en Allemagne, à la violence ouverte, directe, ou plus exactement de la phase révolutionnaire du passage de l'une à l'autre.

[4] L'attentat de Véra Zassoulitch contre le commandant de la ville de Pétersbourg, Trépoff, le 2 février 1878 et son acquittement par un tribunal de jurés firent sensation dans toute l'Europe. Le 16 août 1868, Kravchintsky tua d'un coup de poignard le commandant de gendarmerie Mézensoff. Est-il besoin de dire que Marx-Engels n'étaient pas opposés par principe aux attentats individuels (qui sont des actes sociaux de politique, et non privés), comme il ressort par exemple de la citation suivante : « En Russie le meurtre politique est le seul moyen dont disposent des hommes, intelligents, convenables et ayant du caractère pour se défendre contre les agents d'un despotisme inouï » (Engels, lettre à Bignami du 21 mars 1879).

[5] Le 9 mai 1864, Bismarck se déclara favorable au droit du « travail au cours des débats sur les assurances-accidents. Le 17 mai, dans l'organe officiel du Norddeutsche AlIgemeine Zeitung, il précisa ce qu'il, entendait par là - exactement la même chose que les classes dominantes anglaises en leur temps : transport des sans-travail dans des « maisons de travail » ou des prisons. En Allemagne, les chômeurs devaient être employés à réparer les routes, à couper du bois, à casser des cailloux, etc. contre « un salaire ou un approvisionnement approprié ».

[6] Le Reichstag discuta du projet de loi dirigé « contre l'utilisation criminelle des explosifs » en mai 1884. Ce projet prévoyait une autorisation de la police pour produire, transporter, posséder ou importer des explosifs. Les infractions étaient punissables de bagne, voire de la peine de mort, Lors du dépôt de ce projet de loi qui, au plan politique, était une simple manœuvre gouvernementale pour pousser la social-démocratie au pacifisme, les députés socialistes déclarèrent le 13 mai qu'ils n'assisteraient ni aux débats ni au vote relatifs à cette question. La loi fut adoptée le 15 mai.

[7] Les élections au Reichstag du 28 octobre 1894 confirmèrent le pronostic d'Engels sur un accroissement des suffrages obtenus par la social-démocratie allemande, 550 000 voix, soit près de 10 % des votes exprimés, le nombre de sièges atteignit 24, dont 9 obtenus au premier tour.

[8] Bismarck déploya une intense activité à partir de 1884 pour pourvoir l'Allemagne d'un Empire colonie. Le 5 janvier, ce furent les assises de la Société Coloniale à Francfort-sur-le-Main; avril 1884, le consul général à Tunis-Nachtigall - fit un voyage en. Afrique Occidentale au nom de Bismarck, tandis que le gouvernement allemand envoyait des navires de guerre sur les côtes de l'Afrique Occidentale; le même mois, le marchand de Brème, F.A.E. Lüderitz, plaça ses « conquêtes » en Afrique du Sud - Ouest « sous la protection allemande »; en août, un navire de guerre allemand hissa le pavillon allemand au Cameroun, après qu'en août, Nachtigall eut proclamé que le Togo et le Cameroun, où s'était fixée auparavant la compagnie commerciale hambourgeoise d'Adolf Woermann, étaient placés « sous protectorat allemand ». Le 21 septembre, ce furent les secondes assises de la Société coloniale à Eisenach. Woermann et Lüderitz y propagèrent l' « idée » de l'exploitation coloniale de l'Afrique.


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