Londres, le 26 oct[obre] 1868
Mon cher ami,
Au moment où votre lettre m'arrive, j'ai du monde sur le dos. Aussi je ne vous réponds que par ces quelques lignes.
L'adresse de Kertbény : n° 11/3 (je ne sais ce que signifie le 3, probablement l'étage) Behrenstrasse.
Permettez-moi maintenant un seul mot. Puisque vous et Engels estimiez que la chose était utile, j'avais cédé au sujet de cette publicité dans la Gartenlaube [1]. Par conviction, j'y étais résolument opposé. Maintenant je vous demande instamment de renoncer définitivement à cette plaisanterie. Cela ne mène à rien sinon à faire croire à des individus comme Keil et au Daheim [2] que l'on fait partie de cette bande qui joue aux grands hommes en littérature ou ailleurs, que l'on a besoin de leur protection ou qu'on la désire.
Je tiens ces sortes de choses pour plus nuisibles qu'utiles, et indignes d'un homme de science.
C'est ainsi que le Meyers Konversations-Lexikon [3], par exemple, m'a demandé par écrit, depuis longtemps, une biographie. Non seulement je ne l'ai pas envoyée, mais je n'ai même pas répondu à la lettre. Chacun doit faire son salut à sa façon.
En ce qui concerne Kertbény [4], c'est un touche-à-tout littéraire, un importun plein de suffisance et de confusion. Moins on a affaire avec lui, mieux cela vaut.
Salut
Votre
K. M.
Notes
[1] Hebdomadaire caractéristique traduisant les goûts de la petite bourgeoisie allemande à cette époque. Parut à Leipzig de 1853 à 1903, puis à Berlin de 1903 à 1943.
[2] Hebdomadaire littéraire de tendance conservatrice, fondé à Leipzig en 1864.
[3] Dictionnaire très répandu.
[4] Sur Kertbény voir ci-dessus, pp. 85-86, la lettre du 30 janvier 1868.
Texte surligné en jaune : en français dans le texte.
Texte surligné en bleu : en anglais dans le texte.