Parti Ouvrier Français
Congrès national d'Ivry
20-21 septembre 1900
287 délégués, représentant 850 groupes, syndicats et coopératives
Le Congrès déclare :
Le trust, c'est-à-dire la monopolisation d'une ou de plusieurs industries complémentaires, qui a fait tout récemment son apparition aux États-Unis et qui devient de plus en plus international, n'est qu'une forme - supérieure - de la concentration capitaliste qu'il précipite.
Il supprime la concurrence, qui est le fondement même de la production capitaliste, et réduit les frais de revient de cette dernière, qu'il régularise dans une certaine mesure en éliminant une certaine somme d'anarchie.
Mais, comme tous les progrès en régime de classe - machines, division du travail, etc. - le trust se traduit par des maux immédiats : il aggrave la servitude des travailleurs, courbés sous une même et unique direction, et permet le rançonnement des consommateurs.
En vain la fraction de la classe capitaliste qu'il ruine, réclame-t-elle sa suppression, aucun gouvernement ne saurait réagir contre le trust qui est un phénomène fatal.
En conséquence, le Congrès déclare que seule la socialisation de tous les moyens de production résoudra la question du trust, en n'en laissant subsister que les avantages.
Le 18° Congrès du Parti Ouvrier français rappelle que, par conquête des pouvoirs publics, il faut entendre l'expropriation politique de la classe capitaliste, que cette expropriation ait lieu pacifiquement ou violemment.
Elle ne laisse place, par suite, en régime bourgeois, qu'à l'occupation des positions électives dont le parti peut s'emparer au moyen de ses propres forces, c'est-à-dire des travailleurs organisés en parti de classe, et interdit nécessairement toute participation socialiste aux gouvernements bourgeois contre lesquels les socialistes doivent rester à l'état d'opposition irréductible.
Le congrès rappelle également que, pour les mêmes raisons, la lutte de classe interdit toute espèce d'alliance avec une fraction quelconque de la classe ennemie.
Étant admis que des circonstances exceptionnelles rendent nécessaires par endroit des coalitions (bien entendu sans confusion de programme et de tactique), ces coalitions, que le Parti doit s'attacher à réduire à leur minimum jusqu'à complète élimination, ne sauraient être tolérés qu'autant que leur nécessité aura été reconnue par l'organisation régionale ou nationale dont relèvent les groupes engagés.