1969 |
Cher Umberto, ton cher salut pour le début de cette année m’a apporté de la joie, et il est clair que je partage avec enthousiasme ton souhait de temps meilleurs.
Je suis les nouvelles de ton activité et je pense que, étant donné les situations (la critique que Lénine t’avait faite était un tirage d’oreilles à mon intention mais, ni maintenant ni alors elle ne m’a ébranlé), tu procèdes toujours au mieux comme le fit il y a quarante ans. Je me rappelle bien la visite que tu me fis à Naples, et je me réjouis également de tout cœur de ta vieille et solide amitié dont je te remercie.
Moi, j’attends, dans une position toujours entêtée et sectaire que, comme je l’ai toujours prévue, arrive au monde au cours de l’année 1975 notre révolution, plurinationale, monopartitique et monoclassiste, c’est-à-dire surtout sans la pire pourriture interclassiste : celle de la jeunesse soi-disant étudiante. De notre côté, lors de nos vertes années, nous avons fait le mieux qu’il se devait.
Je ne retourne pas dans cette fétide métropole qu’est Naples parce que j’espère guérir dans ce climat meilleur et avoir, vivant, le temps de réaffirmer ce que j’ai toujours défendu par le passé. En effet ma santé s’améliore sûrement et je compte que mon cerveau, certes pas électronique, aura encore à servir à quelque chose, n’étant pas du tout vide de science, de technique et de philosophie de l’histoire. Je t’envoie un salut affectueux et chaleureux avec mes meilleurs souhaits et Antonietta, ma femme se joint à moi. Elle se prodigue pour me soigner avec les plus extrêmes sacrifices, même si, après tant d’années, elle ne se souvient plus de toi; elle se souvient plutôt de Gramsci qui, selon mon désir, lui avait donné quelques leçons de philosophie quand elle était jeune fille.
Affectueusement, ton Amadeo.
PS. Je me permets de te signaler mon vieil article écrit en 1949 intitulé «Les intellectuels et le marxisme», il est reproduit dans le n°4 de Programma comunista, récemment paru. Je ne pense pas que tu le trouveras dans les collections de journaux parlementaires. Dans tous les cas à Rome on le vend dans les kiosques suivants: Piazza di Spagna; Piazza Cavour; Piazza Bologna; Piazza dei 500; Piazza Croce Rossa; Via Carlo Felice (San Giovanni), Ed. Cirioni à la Città degli Studi. Si tu ne peux te le procurer, dis-le moi et je pourrai te l’envoyer.